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II

Nos établissemens publics d’instruction secondaire réunissent, sous une direction commune, des groupes distincts d’enseignemens : l’enseignement classique, l’enseignement spécial, les cours préparatoires aux grandes, écoles. De bons esprits souhaiteraient que ces groupes fussent entièrement séparés. Cette séparation serait difficile dans les villes de second ou de troisième ordre et peut-être aurait-elle plus d’inconvéniens que d’avantages si elle s’étendait aux internats. Il n’est pas mauvais qu’une éducation commune réunisse les jeunes gens de même âge, alors même qu’ils reçoivent une instruction différente. Ce qui importe, c’est que des études distinctes soient soumises à une direction distincte. Rien ne serait plus facile à réaliser si l’internat cessait de se confondre avec le lycée ou le collège. Il pourrait y avoir, pour un même internat, un collège d’enseignement classique, un collège d’enseignement spécial, une ou plusieurs écoles, préparatoires, avec des directeurs différens pour chaque ordre d’études. Il n’en résulterait pas un accroissement excessif du personnel, puisque la direction pourrait se cumuler avec le professorat ; mais il en résulterait, pour chaque enseignement, qui vivrait ainsi de sa vie propre, une intelligence plus nette des besoins particuliers qu’il est destiné à satisfaire, une solidarité plus étroite entre les maîtres, une action plus directe et plus éclairée de la part des chefs, en vue d’assurer le succès et le progrès des études.

Toutefois, nulle amélioration sérieuse ne peut être espérée dans les divers enseignemens, tant que leurs cadres mêmes ne seront pas exactement définis. La définition est facile pour les cours préparatoires aux écoles spéciales : elle est donnée par leur destination même. Il serait désirable d’ailleurs que ces cours pussent disparaître de notre instruction secondaire et qu’une entente entre le ministre de l’instruction publique et les autres ministres de qui relèvent les écoles spéciales rendît inutile, par une meilleure rédaction des programmes d’admission, toute préparation distincte en dehors des enseignemens ordinaires. Malheureusement, ces enseignemens eux-mêmes n’ont pas cessé, depuis le commencement du siècle, d’être soumis à toutes les fluctuations, à toutes les incertitudes, aux expériences de toutes sortes, et ils attendent encore une définition claire et précise de leurs matières et de leurs destinations respectives.

L’enseignement secondaire, sous l’ancien régime et dans la première organisation de l’Université, n’avait qu’une seule forme, la