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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

L’échéance de fin juin avait donné lieu longtemps à l’avance aux plus sérieuses appréhensions. Il y a quinze jours, nous disions ici combien, à Londres et à Paris, on redoutait de voir la spéculation, engagée à la hausse sur certaines valeurs internationales, se trouver incapable, non-seulement de conserver ses positions, mais encore de faire face aux pertes énormes que lui imposaient la violence et la continuité du mouvement de baisse. Heureusement la grandeur même du péril a sauvé la situation. La haute banque a été tellement effrayée des conséquences que pourrait avoir un nouveau krach, frappant, définitivement peut-être cette fois, les intermédiaires du marché libre, qu’elle s’est décidée à ne pas marchander son concours. Au Stock-Exchange et à la Bourse de Paris, elle a soutenu des positions qui allaient sombrer ; d’opportunes levées de titres ont achevé ce qu’avaient déjà heureusement commencé des réalisations anticipées ; grâce à ces mesures hardies, l’obligation unifiée d’Egypte, qui pouvait tomber à 250 et au-dessous, n’a pas reculé au-delà de 270, et la liquidation a été préservée des embarras dont pendant toute la dernière quinzaine de juin elle avait été menacée.

Aussi cette liquidation s’est-elle effectuée dans des conditions que nul, quelques jours auparavant, n’eût osé espérer. A Londres, on a pu signaler quelques sinistres sans grande importance ; on n’en a signalé aucun ici. Les taux des reports ont été très modérés ; la détente a été surtout marquée en ce qui concerne nos fonds publics, sur lesquels la masse des engagemens à reporter était peu considérable. Sur la plupart des valeurs, les transactions avaient été si limitées en juin que les pertes de la spéculation se sont trouvées minimes en comparaison de celles du portefeuille ; bien des capitaux sont restés sans emploi ; ceux dont le concours a été invoqué ont dû se contenter d’une faible rémunération.

Le bon marché des reports a été une des premières causes et l’une des plus efficaces de l’arrêt du mouvement de baisse. Les cours avaient été dépréciés dans une assez large mesure pour qu’on fût amené à se demander, en présence du fait incontestable de l’extrême abondance des capitaux, si les événemens fâcheux que la politique pouvait faire surgir n’étaient pas pleinement escomptés.

Au point de vue financier, d’autre part, les perspectives étaient