nous n’avions à parler que des Essais de Macaulay. Et nous croyons en avoir dit assez, non pas pour mettre le lecteur en garde, on ne saurait aller jusque-là, ni reprocher à Macaulay tant de partialité, mais pour l’inviter, et notamment quand il lira ceux de ces Essais que le traducteur a réunis sous le titre d’Essais politiques, ou encore d’Essais sur l’histoire d’Angleterre, à n’en pas tout accepter sans contrôle. Car, pour les Essais littéraires comme pour les Essais biographiques, et comme pour ceux enfin des Essais historiques proprement dits dont le sujet est suffisamment éloigné des controverses où Macaulay s’est intéressé en qualité d’homme politique, il n’a de parti-pris que celui de ses convictions philosophiques, littéraires, morales surtout, et que peut-on demander davantage ?
J’ai entendu dire, ou peut-être ai-je lu quelque part que, depuis quelques années, le vif éclat de la réputation de Macaulay aurait commencé de s’obscurcir en Angleterre. Ce serait une grande erreur du goût public, et j’aime mieux croire que ma mémoire me trompe ou que j’aurai mal lu. Car Macaulay a représenté quelque chose d’unique, non-seulement dans la littérature anglaise contemporaine, mais encore dans la littérature européenne, toute la solidité de l’ancienne critique enrichie de tout ce que lui ont apporté de ressources dans notre siècle la connaissance de l’étranger et les découvertes de l’histoire. Ce que l’on vante en lui d’ordinaire, c’est plutôt l’historien de Jacques il et de Guillaume III, mais l’auteur des Essais n’a pas été, à mon sens, inférieur à l’historien ; et peut-être même ces Essais, à raison de la variété des sujets et de la diversité des mérites, perpétueront-ils plus sûrement la gloire et la popularité de son nom. C’est pourquoi nous ne saurions trop remercier M. Guillaume Guizot de les avoir si heureusement acclimatés dans notre langue.
F. BRUNETIÈRE.