mais incorrectes, où l’artiste, comme dans la mosaïque de Palestrine, s’abandonne sans contrainte à sa fantaisie. La régularité, la symétrie, deviennent la première loi de toute peinture murale : compléter l’œuvre de l’architecte et ne plus la troubler, telle est désormais la mission du peintre, qui ne s’inspire plus que des besoins de la décoration.
Si l’on s’attache au coloris des mosaïques chrétiennes, on est tenté de croire que les organes de la vision eux-mêmes se sont modifiés. Aux fonds romains, composés soit d’une couche de cubes blancs, soit de paysages ou de motifs d’architecture, succèdent les fonds d’or et d’azur. Dans le mausolée de Sainte-Constance, près de Rome, ce monument de transition si important, le mosaïste s’est encore conformé à la tradition classique : le blanc domine dans ses incrustations. Mais dès le Ve siècle, les figures s’enlèvent invariablement sur un fond doré ou azuré, à Rome, à Ravenne, à Milan, à Naples. Rarement innovation en apparence plus simple a produit des résultats plus considérables. Du coup la recherche de l’éclat est substituée à celle de la vie ; une lumière artificielle remplace la clarté du jour ; les personnages quittent le monde réel pour entrer dans un milieu idéal. Assurément, dans l’art romain, ces brillans concerts de couleurs n’étaient pas inconnus. Sans sortir de Rome ou de Pompéi, on trouve plus d’une fois l’or uni à la pourpre ; plus d’une fois des draperies blanches comme la nacre s’enlèvent sur un fond de lapis-lazuli ; tons vifs et gais, sombres et graves, il n’est point de gamme dans laquelle ces virtuoses de la couleur ne se soient exercés. Aussi n’est-ce pas telle ou telle découverte qui constitue l’originalité de la nouvelle école : ce qui distingue les peintres chrétiens, — et sous ce titre je comprends non-seulement les peintres à fresque ou sur panneau, mais encore les mosaïstes, les brodeurs, les miniaturistes, — c’est la rigueur de leur méthode. Ce qui n’avait été qu’un accident devient la règle ; à l’égard du riche héritage laissé par l’antiquité classique, on se livre à un travail de simplification, d’élimination ; on développe un certain nombre d’élémens avec une logique inflexible ; bref, on parait original à force de se montrer exclusif.
Si je ne craignais de fatiguer le lecteur par des détails trop arides, je montrerais comment cette révolution dans les idées, les aspirations, le style, a été complétée par une modification capitale, de f ordre technique. Les anciens avaient réservé la peinture en mosaïque proprement dite, en d’autres termes l’imitation de fresques ou de tableaux, pour la décoration du sol ; afin d’assurer une durée plus grande à des compositions sans cesse foulées aux pieds, ils recouraient presque exclusivement aux pierres dures. Pour les