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les peintures furent, en 1830, exposées dans les salles de l’ancien musée, et M. Waagen, nommé directeur, se chargea de la rédaction du catalogue qui comprenait près de douze cents numéros. Depuis lors, grâce à son initiative, on s’appliqua d’une manière suivie à accroître le musée. Mais, comme le prix des œuvres d’art avait singulièrement augmenté, après quelques tentatives infructueuses faites dans les ventes publiques, on jugea préférable de s’assurer, toutes les fois qu’on le pourrait, la possession de collections entières en traitant avec leurs propriétaires. C’est ainsi qu’en 1875 et 1878, on a pu acquérir un assez grand’ nombre d’ouvrages italiens provenant des palais Patrizzi et Strozzi, et réaliser en 1874 un achat beaucoup plus important, celui de la collection de tableaux et de dessins formée par M. Suermondt à Aix-la-Chapelle et qui lui fut payée 1 million de marks (1,250,000 francs).

Loin de chercher désormais à grossir outre mesure le nombre des ouvrages exposés, la direction pense avec raison qu’il convient plutôt d’élever peu à peu le niveau de la galerie par des éliminations faites avec discernement. Attentive à combler les lacunes que celle-ci peut offrir, elle s’applique d’autre part à ne point fatiguer inutilement l’attention du public. Cependant, même avec une façon de procéder aussi judicieuse, le nombre des tableaux s’était bientôt assez accru pour que le local qui leur avait été primitivement affecté devînt insuffisant. Les vices de construction de l’édifice bâti par Schinkel s’accusaient, du reste, de plus en plus, et dans les remaniemens auxquels il a bien fallu de résoudre, on a tâché, sans toujours y parvenir, de multiplier les parois et de pourvoir d’une manière plus convenable au chauffage et à l’aération des salles. Malheureusement aussi, les dispositions mêmes du monument ne se sont pas prêtées à suivre pour le classement des tableaux l’ordre méthodique qu’on a observé dans l’arrangement des autres collections. Il y a, il faut le reconnaître, beaucoup de terrain perdu dans cet édifice, et son appropriation laisse fort à désirer. La rotonde, qui occupe une place excessive, n’a pu être utilisée que pour exposer au rez-de-chaussée quelques sculptures, et au premier étage une série de tapisseries anciennes exécutées d’après les cartons de Raphaël. L’orientation des salles n’a pas non plus permis d’y obtenir pour l’éclairage une égalité parfaite : dans les unes, la lumière fait un peu défaut, d’autres sont exposées au soleil pendant une partie du jour. Du moins ces salles, au nombre de vingt-sept, sont-elles de dimensions assez restreintes pour qu’on ait pu y grouper les tableaux dans l’ordre le plus convenable à les faire valoir mutuellement. Ce qui est plus essentiel encore, ces tableaux sont entretenus avec un soin qui fait honneur à l’habileté et à la prudence des restaurateurs chargés de ce service. Suivant un usage excellent et qui tend, du reste, à se généraliser