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75 francs, sous l’ancienne constitution, à 70 fr. sous la dernière, et le prix de l’action a monté de 1,000 à 1,790 francs (cours du 2 janvier 1882). La prospérité de ces deux compagnies est telle que jamais elles n’ont dû recourir à la garantie et que l’on peut entrevoir le moment du partage des bénéfices avec l’état. Pour les quatre autres compagnies, leur capital n’ayant point varié depuis l’établissement du régime des conventions et le revenu réservé étant resté le même, l’élévation du prix des cours est seule à considérer. De 1864 à 1882 les actions de l’Est ont monté de moins de 600 à 775 fr., et celles du Midi de 800 à 1,360 ; l’Orléans a été coté 1,340 francs, et l’Ouest 840 fr., quand les cours de la période précitée se maintenaient entre 500 et 600 francs.

Du rapprochement de ces chiffres ressort bien, il nous semble, la preuve des avantages obtenus par les compagnies comme par l’état, grâce au régime des conventions, et la voie qu’il s’agit de suivre semble donc tout indiquée.

Ce dont il faut se préoccuper maintenant, et presque exclusivement, c’est de l’intérêt général et public, pourvu que l’on ne porte pas atteinte à la fortune présente des compagnies obtenue par tant de soins et une si recommandable gestion. Cet intérêt général qui a d’ailleurs profité dans la plus large proportion du plus utile instrument de tous les progrès modernes, comment pourrait-il être satisfait ? Sans aucun doute, par l’accroissement toujours incessant des chemins de fer, et aussi par le meilleur marché du prix des transports rendus de plus en plus faciles et rapides. Pour les chemins d’intérêt général, trois chiffres en résument les progrès : à la fin de 1848, on en comptait environ 2,200 kilomètres exploités ; dix ans après le chiffre s’élève à 8,690, soit quatre fois autant ; de 1858 à 1868 l’augmentation est du double, le total monte à 16,258. Une nouvelle période décennale ne signale plus qu’un quart en sus : en 1878, l’exploitation atteint 22,150 kilomètres, y compris le réseau de l’État. Ainsi la progression continue toujours, mais va en s’affaiblissant à mesure que les bonnes lignes deviennent plus rares. Aujourd’hui il faut poursuivre l’œuvre, les localités le réclament, le gouvernement l’a promis, le plan de M. de Freycinet s’impose. Comment l’exécuter ? Tout d’abord la rente amortissable a fait face aux dépenses, mais voici que l’émission en devient difficile : celle du dernier milliard n’a pas réussi, le gouvernement hésite, et M. Léon Say, à qui incombe le soin de veiller sur le crédit public, déclare qu’on ne peut recourir à l’emprunt ni en 1882 ni en 1883. A défaut du trésor public, c’est donc aux compagnies qu’il faut avoir recours : leur crédit est intact, elles négocient tous les jours sans bruit, et en les vendant à leurs gares, de grosses quantités d’obligations qui se paient près de 400 francs ; qu’elles se chargent