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propagent par la contagion pourront être, sinon anéanties, au moins énormément diminuées. Ce qu’on a fait pour la peste et pour la variole, dont on a efficacement combattu la propagation, on pourra le faire, et on le fera pour le choléra, la fièvre typhoïde, la diphtérie et les autres maladies analogues.

Ainsi les efforts des hygiénistes et des législateurs pourront diminuer la mortalité de la France. Déjà, depuis cinquante ans, cette mortalité a diminué dans des proportions remarquables, mais ce n’est que peu de chose quand on pense à tout ce qui reste à faire. Diminuer l’alcoolisme par l’augmentation des droits sur les alcools, empêcher la propagation des maladies infectieuses par toutes les mesures prophylactiques dont la science dispose, par l’isolement des malades, par la désinfection des logemens, par la purification des eaux d’égout, et surtout préserver les nouveau-nés contre la faim par une surveillance vigoureuse, et par l’institution d’établissemens de bienfaisance dont le type est encore à créer : tels sont les moyens qu’il faudra mettre en usage, et dont le succès sera certain, pour rendre la mortalité plus faible encore qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Il est une autre réforme, et d’une plus grande importance encore, qui aurait sur la mortalité, comme sur la natalité, une influence puissante. Les grandes guerres sont un fléau plus meurtrier que la peste et le choléra. Pour les nations prolifiques et fécondes comme la Russie et l’Allemagne, les vides peuvent se combler, et les morts des jeunes gens, vigoureux et braves, que la folie des puissans de la terre sacrifie sur les champs de bataille, ces morts sont, à l’extrême rigueur, compensées par l’énorme excédent annuel des naissances sur les décès. Mais, en France, alors que cet excédent est si faible, chaque guerre amène des pertes qui ne se réparent pas.

Si nous envisageons à ce point de vue les trois grandes guerres