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REVUE DRAMATIQUE

Odéon : Othello, le More de Venise, drame en 5 actes et à tableaux, traduction en vers de M. Louis de Gramont. — Gymnase : les Débuts de Pluchette, comédie en 1 acte, de MM. P. Decourcelle et J. Redelsperger. — La Carte forcée, comédie en 2 actes, de MM. H. Crémieux et M. Pernéty. — Porte-Saint-Martin : matinée extraordinaire : Davenant, comédie en 1 acte et en vers de M. Jean Aicard. — Cluny : 115, rue Pigalle, vaudeville en 3 actes, de M. A. Bisson.

L’Odéon n’a que cent ans : il n’est pas bien conservé. J’entends parler de ce théâtre comme d’une personne morale, et non de l’édifice qui, tel quel, date de soixante-trois ans à peine : l’édifice est en bon état, la personne morale est décrépite. Qui paraît plus que son âge le déclare volontiers : centenaire depuis le 9 avril, l’Odéon s’est empressé de nous notifier la nouvelle le 24. M. Porel a dit ce jour-là un morceau de circonstance composé par un fin poète, M. Auguste Dorchain : l’Odéon et la Jeunesse, fable, — non, je me trompe, poésie ; — mais, de bonne foi, ce titre : l’Odéon et la Jeunesse, ne rappelle-t-il pas celui-ci : le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes ?

Il est vrai que, si j’en crois M. Dorchain, l’Odéon ne fut jamais plus jeune qu’aujourd’hui ; et, de fait, c’est une façon, de dire que ce vieux. théâtre est retombé en enfance. Pour être exact, il faut rappeler que, jamais il n’a prospéré solidement. C’est une justice à rendre à M. de La Rounat, le directeur actuel : les faillites de ses prédécesseurs sont presque innombrables, — et si l’Odéon, dans sa longue carrière, a eu quelques répits de fortune, il faut compter parmi ceux-là l’intervalle des années 1856 et 1867, où M. de La Rounat, justement, gouverna la maison. Mais, à lire l’histoire du Second-Théâtre-Français, telle que MM. Porel et Monval l’écrivent[1], — et le morceau de M. Dorchain n’est guère qu’une version poétique de ce consciencieux ouvrage, — on croit parcourir les pièces justificatives d’un « Manuel de l’art de faire faillite,. » à l’usage des directeurs de théâtre, des comédiens en société, des administrateurs nommés. par l’état et des gérans intéressés : car l’Odéon a

  1. Lemerre, édit. ; 2 vol. parus.