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au-dessus des autres, se déversent par plusieurs chutes successives dont la dernière et la plus belle est celle d’Imatra, dans le lac Ladoga, véritable mer intérieure qui n’a pas moins de 16,000 kilomètres carrés et dont la Neva entraîne le trop-plein dans le golfe de Finlande. Le jour où les érosions du fleuve auront détruit la barrière qui sépare le lac de la mer, une immense débâcle se produira et toute la région se desséchera.

L’étude de la géographie physique de l’Afrique australe nous apprend que celle-ci, d’abord entièrement recouverte par les eaux, a été soulevée de façon que quelques-unes de ses parties sont arrivées à la surface ; que, submergée de nouveau, elle s’est soulevée graduellement pour devenir d’abord, comme l’Amérique septentrionale et la Finlande, une vaste région d’îles et de lacs avec leur pittoresque encadrement et que, le mouvement se continuant, elle a fini par être la contrée que nous avons sous les yeux et qui, de jour en jour, devient plus sèche et plus aride.

Pour que les terrains qu’on reconnaît avoir été déposés dans les profondeurs de l’Océan forment aujourd’hui des montagnes de plus de 1,000 mètres de hauteur, il faut ou que la mer se soit retirée ou que le sol se soit élevé, il paraît probable que ces deux phénomènes se sont produits simultanément à la suite d’une de ces oscillations de l’écorce terrestre qui ne cessent de se manifester et dont nous sommes pour ainsi dire les témoins. Ces oscillations, qui modifient sans cesse le contour des rivages, se produisent tantôt brusquement à la suite de cataclysmes intérieurs, tantôt lentement comme ceux d’une masse qui cherche son équilibre. On en voit les effets sur tous les points du globe. C’est ainsi que l’Océan-Indien, du 15e degré nord au 15e degré sud, paraît être un ancien continent, aujourd’hui submergé, tandis que la côte orientale de l’Afrique jusqu’à la Méditerranée et une partie de l’Inde ont récemment émergé du fond des eaux. Les plus vieilles traditions constatent l’existence d’un continent appelé l’Atlantide, et situé entre l’Europe et l’Amérique. Il est probable qu’il s’est enfoncé dans les flots à l’époque où la région qui s’étend des Carpathes au plateau central de l’Asie et qui était couverte par l’Océan scythique, en est sortie ; il n’est pas non plus téméraire de supposer que les Ibériens, qui se trouvent aujourd’hui concentrés dans le pays basque, sur les deux ver-sans des Pyrénées et qui, par leur physionomie, leur langage et leurs croyances, ne peuvent se rattacher a aucune autre race, ne soient les descendans des habitans de ce continent qui ont échappé à l’engloutissement.

Le long des côtes de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, ont remarque aujourd’hui une bande de largeur variable, formée de