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même la seule cause, qui rend si faible l’accroissement de la population française, c’est-à-dire la diminution des naissances, ou, en se servant du néologisme, maintenant consacré par l’usage, la diminution de la natalité. Certes, ce n’est pas une découverte que nous avons la prétention d’énoncer. Depuis déjà longtemps tous les statisticiens ont établi ce fait, et l’ont rendu incontestable. M. Bertillon, M. Lagneau, M. Legoyt, M. Chervin, et bien d’autres, ont démontré que la seule cause du faible accroissement de la population en France, c’est la diminution de la natalité.

Au risque de multiplier les chiffres et les tableaux, déjà bien nombreux, insérés dans ce travail, je voudrais montrer la proportion, suivant laquelle, depuis le commencement du siècle, ont varié les mariages, les décès et les naissances. On verra, sur le tableau suivant, dû à M. Bertillon, que si la nuptialité a augmenté, si la mortalité a diminué, toutes causes qui tendent à accroître la population, il y a eu, au contraire, depuis 1801, une diminution croissante de la natalité.

Voici quel a été annuellement, pour 1,000 habitans, le nombre des mariages, des décès et des naissances :


Périodes. Mariages. Décès. Naissances.
1801 à 1810 7,89 28,3 32,5
1811 à 1820 7,88 25,95 31,67
1821 à 1830 7,85 25,07 30,9
1831 à 1840 7,96 24,75 28,93
1841 à 1850 7,97 23,27 27,4
1856 à 1865 8,02 23,4 26,7
en 1876 7,09 22,6 26,2
en 1877 7,05 21,6 25,5
en 1878 7,05 22,5 25,23
en 1879 7,05 21,7 25,1

Ces données rendent très évident ce fait que la natalité seule peut être invoquée parmi les causes qui diminuent l’accroissement de la population française.

Si nous prenons maintenant les chiffres bruts, c’est-à-dire le total des naissances françaises depuis un certain nombre d’années, nous trouverons aussi une décroissance graduelle[1].

NAISSANCES EN FRANCE.


1826 992,266
1866 1,006,258
  1. Mort-nés non-compris. Le chiffre des mort-nés est d’une fixité remarquable ; il oscille autour du chiffre de 44,000 par an.