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française est donc très voisin du nombre tout à fait minime de trois mille émigrans par an.

Ainsi nous n’avons pas, en France, à prendre souci de l’émigration. Par suite de nos mœurs sédentaires, elle est évidemment réduite à son minimum, et il faut porter son attention vers d’autres phénomènes sociaux dont le rôle est beaucoup plus important. Je veux parler soit de la mortalité, soit de la natalité[1].

Voici les chiffres qui expriment la mortalité en France pendant les cinq dernières années :


MORTALITE ANNUELLE EN FRANCE.


1875 845,062
1876 834,074
1877 801,954
1878 839,176
1879 839,882

Ce qui fait par an environ 820,000 décès. Comme la population est de 37 millions d’hommes, il y a en chiffres ronds environ 1 décès par 450 habitans dans une année.

En comparant cette mortalité à celle des autres pays de l’Europe, on trouve qu’il y a :


En Grande-Bretagne 1 décès sur 500 habitans.
En France 1 id. 450 id.
En Allemagne 1 id. 400 id.
En Italie 1 id. 340 id.
En Autriche-Hongrie 1 id. 310 id.

Par conséquent, quoique notre situation au point de vue de la mortalité ne soit pas exceptionnellement favorable, elle est cependant supérieure à celle de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Autriche.

Ainsi, si la population de la France ne s’accroît qu’à peine, ce n’est ni une émigration trop nombreuse, ni une mortalité trop forte, qu’on peut incriminer. La seule cause qu’il soit permis d’invoquer, c’est le petit nombre des naissances.

Cette diminution des naissances peut tenir, soit à une diminution des mariages, soit à une diminution du nombre des enfans résultant de chaque mariage.

  1. Ce néologisme doit être conservé; car il est très commode et répond tout à fait au mot mortalité.