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conséquence de laisser dans l’indécision toutes les questions relatives aux chemins de fer et de prolonger un régime provisoire dont l’honorable ministre avait tout le premier reconnu et proclamé les nombreux inconvéniens. Dès 1878, après le rachat des Charentes, de la Vendée et des autres lignes de l’Ouest, il saurait bien fallu pourvoir à leur exploitation., et le gouvernement avait constitué à cet effet une compagnie des chemins de fer de l’état. L’administration de cette compagnie ne tarda pas à démontrer que son réseau, enchevêtré dans les lignes des compagnies d’Orléans et de l’Ouest, ne pouvait être avantageusement exploité qu’au moyen d’un nouvel agencement qui résulterait d’une meilleure répartition et d’un échange réciproque de certaines lignes ou sections entre les compagnies limitrophes. Le successeur de M. de Freycinet au ministère des travaux publics, M. Varroy, négocia dans ce sens avec la compagnie d’Orléans, et il soumit à la chambre une convention aux termes de laquelle l’état rachetait à cette compagnie plusieurs lignes, mesurant ensemble 1,000 kilomètres environ, pour les incorporer au réseau de l’état, de façon à procurer à ce dernier une extension suffisante, une configuration rationnelle et une indépendance d’exploitation, en un mot, les principales conditions d’un bon service. Cette convention fut repoussée par la commission de la chambre, comme avait été rejetée la première convention présentée en 1877 par M. Christophle, et le successeur de M. Varroy, M. Sadi Carnot, jugea prudent de la retirer. Le rejet était motivé sur ce que les clauses du traité paraissaient trop avantageuses pour la compagnie d’Orléans ; la commission estimait, en outre, que le gouvernement avait eu le tort de ne point exiger que l’ensemble des tarife de transport fût désormais soumis à son autorité ; or c’était là un vœu formellement exprimé dans toutes les discussions précédentes et consacré par l’adoption de l’amendement de M. Allain-Targé. Le travail de la commission aboutit à un projet de résolution invitant le ministre à présenter à la chambre un projet de loi ayant pour objet le rachat et l’exploitation de toutes les lignes de la compagnie d’Orléans. En réalité, l’on n’aboutit qu’au retrait du projet de rachat partiel, c’est-à-dire à un nouvel avortement.

Pendant cette série interminable et fastidieuse de négociations, de délibérations et de résolutions, les travaux de construction étaient poursuivis sur tous les points du territoire, de nombreuses sections étaient achevées, et il fallait bien les livrer à l’exploitation. Il était évidemment impossible d’organiser pour chacun de ces tronçons une administration distincte ; on ne pouvait davantage rattacher à la direction des chemins de fer de l’état, exploitant le réseau racheté de l’Ouest et du Sud-Ouest, toutes ces lignes éparpillées. Le gouvernement dut adopter le seul moyen pratique, consistant à charger