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dimensions qu’on voudra, munie celle d’une poche fermée à l’avant. Il suffira pour cela de substituer à l’un des premiers tronçons de la galerie d’effondrement un tunnel fixe ou tuyau de solide maçonnerie qui, tout en permettant l’écoulement des déblais d’amont, préservera de tout éboulement le terrain supérieur, constituant une digue naturelle d’une solidité à toute épreuve qui fermera le réservoir à sa partie inférieure, quand la fouille, ayant des dimensions suffisantes, on jugera à propos de l’adapter à sa nouvelle destination ; ce qui, comme je l’ai dit, pourra se faire sans autres frais que ceux qui auront pour but de régulariser un peu les parois et le fond de la fouille et de construire les vannes superposées qui devront permettre la vidange graduelle du réservoir.

Je n’ai pas besoin d’insister pour faire comprendre qu’un bassin de ce genre incrusté dans le terrain naturel, à une profondeur qui pourra être notablement inférieure à celle des vallées voisines, séparé d’elles par des digues aussi puissantes qu’on voudra les conserver, pouvant se remplir ou se vider à volonté sans qu’on ait jamais à redouter de le voir déborder, pourra fonctionner sans le moindre danger sous une tranche d’eau d’une hauteur énorme, pouvant atteindre 100 mètres et plus dans la région des Pyrénées qui nous occupe.

Pour le cas particulier du canal des Landes, un travail continu de dix ans, représentant un cube de déblais de 150 millions de mètres, permettra l’établissement d’un réservoir dans lequel on pourra emmagasiner au minimum 100 millions de mètres cubes d’eau dont l’écoulement réparti sur une durée d’arrosage de quatre mois correspondrait à un débit de 10 mètres cubes à la seconde, suffisant à l’irrigation de 10,000 hectares de terrain.

De semblables réservoirs pourraient être multipliés sur tout le versant des Pyrénées, enchâssés dans les massifs de séparation de deux affluens contigus, dont ils pourraient à volonté desservir les bassins respectifs.

On ne saurait estimer à moins d’un million d’hectares la zone des hauts versans supérieurs à la cote de 600 mètres, dont on pourrait ainsi aménager les eaux. En admettant qu’on mette en réserve une tranchée d’eau de 0m, 30 seulement, représentant à peine 1/4 de l’eau de pluie ou de neige que reçoivent ces versans, on pourrait se procurer un approvisionnement annuel de 3 milliards de mètres cubes d’eau, qui, suivant qu’on en régularisera l’emploi pour une période d’irrigation de quatre mois, de sécheresse générale de six mois, pourrait réserver des débits uniformes de 2 à 300 mètres cubes par seconde.

Pour contenir et faire fonctionner dans les meilleures conditions