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LA QUESTION
DES CHEMINS DE FER
EN 1882

S’il est une question d’intérêt public qui doive être laissée en dehors des luttes politiques et des révolutions gouvernementales, c’est assurément la question des chemins de fer. Il s’agit, en effet, de procurer au pays les moyens de transport les plus abondans, les plus rapides, et au plus bas prix. La forme du gouvernement importe peu pour la solution du problème. Que l’on soit en république ou en monarchie, les décisions à prendre au sujet des voies ferrées, comme en matière de routes et de canaux, dépendent de circonstances et de conditions tout à fait étrangères à l’ordre politique. En France, l’industrie des chemins de fer est née sous le gouvernement de juillet ; elle s’est largement développée sous l’empire. L’avènement de la république ne saurait être un motif suffisant pour modifier le régime établi, si ce régime a fait ses preuves. Les réformateurs qui prétendent le remplacer par d’autres systèmes sont tenus de produire, avant tout, des argumens économiques et financiers, et de démontrer que l’organisation actuelle, née de lentes études, a cessé d’être en rapport avec les besoins et les intérêts du pays. C’est à ce point de vue, dégagé de toute préoccupation de parti, qu’il convient d’examiner les controverses auxquelles donne lieu, depuis cinq ans, la constitution de nos chemins de fer.