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chaleurs, en infectant non-seulement l’air atmosphérique, mais l’eau des puits, seule ressource des rares habitans de cette région désolée. Quelques végétaux éphémères, sans valeur, pouvaient seuls croître à la surface de ce sol tour à tour submergé en hiver, calciné par le soleil en été. De rares bouquets d’arbres croissant plus vigoureusement sur quelques points qu’une très faible hauteur relative maintenait en dessus du niveau de la submersion environnante, témoignaient seuls de la possibilité de généraliser un jour la production forestière sur tout le pays, et ont dû bien certainement fixer de prime-abord l’attention de l’ingénieur éminent auquel nous devons la transformation complète qui s’est opérée dans toute cette région en un quart de siècle au plus.

Fondant ses propositions sur une étude approfondie du sol et du climat de la région des Landes, M. Chambrelent a su démontrer, — et, ce qui était plus difficile encore, faire accepter par le public intéressé, — qu’il suffirait de travaux très peu dispendieux pour assainir le pays, assurer l’écoulement régulier des eaux stagnantes, assécher les marécages et rendre le sol propre à la végétation forestière qui, dans l’état, le recouvre presque en entier.

La transformation a été des plus rapides, et c’est à bon droit que M. Chambrelent, dans un récent compte-rendu des travaux poursuivis à son instigation, a fait ressortir les immenses avantages de cette grande entreprise. Mais si l’esprit se plaît à énumérer les richesses déjà réalisées, si l’œil est récréé au passage par la vue de ces vastes forêts de plus s’étendant à l’infini dans toutes les directions de l’horizon, on n’en est pas moins amené à se demander s’il n’est pas possible de faire mieux encore; si l’on peut considérer comme la dernière expression du progrès d’avoir créé tant de bois résineux qui, par le fait même de leur contiguïté, restent exposés aux chances d’incendie, qui fréquemment détruisent eu quelques heures le produit de vingt années. Le dernier rapport de M. Chambrelent nous apprend que, de 1865 à 1870, les surfaces incendiées ont été de plus de 10,000 hectares dans le seul département de la Gironde. On ne saurait estimer à moins du double les accidens du même genre qui ont dévasté les forêts du département des Landes, deux fois plus étendues, soit ensemble 30,000 hectares brûlés en cinq ans sur une superficie totale d’un million d’hectares. Cette production spéciale des bois de pins, forcément exclusive de toute denrée alimentaire, a un autre inconvénient : celui de limiter le développement de la population, obligée de tirer du dehors tout ce qui est nécessaire à l’entretien de la vie animale.

À ces deux points de vue déjà, on comprend l’importance qu’il y aurait à restreindre la production forestière, à y associer d’autres