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Arrivée à ce point, l’opération ne sera plus qu’une question de pratique agricole. Quelques labours suffiront pour mélanger le limon avec la terre végétale primitive qu’il est destiné à amender et à fertiliser.


III.

L’emploi des alluvions artificielles pourrait être généralisé sur une grande partie de notre territoire. Comme premier exemple d’application pratique, j’ai choisi les landes de Gascogne, vaste contrée stérile sur laquelle ont échoué tous les essais de culture arable et qui cependant plus que tout autre me paraît appelée à un degré exceptionnel de fertilité.

Toute la région comprise au sud-ouest de la France, entre les Pyrénées, la Garonne et l’Océan, formant la Gascogne proprement dite, présente une grande uniformité de composition géologique et de climat. Située au pied des Pyrénées, dont elle voit au loin scintiller les cimes neigeuses, elle n’est cependant rafraîchie nulle part en dehors de son pourtour, par le parcours des eaux limpides épanchées des cascades de la grande chaîne. Deux affluens principaux, la Neste et le Gave de Pau, ramifiant leurs sources extrêmes au pied du Vignemale, après avoir coulé parallèlement et à peu de dis- tance l’un de l’autre, divergent brusquement : la Neste, unie à la Garonne vers l’est, en aval de Montréjeau ; le Gave de Pau vers l’ouest à partir de Lourdes.

L’ensemble du pays, circonscrit, au levant, par la courbe de la Garonne à partir de la Neste ; au couchant, par le Gave de Pau et l’affluent d’extrême droite de l’Adour, représente assez bien l’envers d’une feuille bombée, de forme ovale, qui, se rattachant aux Pyrénées par son étroit pédoncule culminant, ramifie à l’infini, normalement à son pourtour, ses nervures saillantes, embrassant entre elles autant d’étroites vallées divergeant dans tous les sens. Si l’on remonte par la pensée à une époque géologique antérieure, on peut se représenter ce pays comme ayant été constitué par un vaste épanchement de déjections limoneuses qui, prenant naissance dans les hautes régions du Vignemale, aurait recouvert toute la contrée inférieure d’une masse conique de dépôts argileux. Plus tard est intervenue l’action de puissans courans qui ont creusé les innombrables sillons des vallées actuelles, tracés suivant les génératrices de plus grande pente, prolongeant leurs érosions dans la mollasse tertiaire inférieure, laissant subsister entre eux les longues traînées des terrains de transport argileux.

Il résulte de cette disposition des lieux que, parlant d’un point