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L’AGRICULTURE EXTENSIVE
ET LES
ALLUVIONS ARTIFICIELLES

Notre agriculture subit en ce moment une crise dont il faut espérer qu’elle sortira victorieuse, mais à la condition de savoir largement réformer ses vieilles habitudes de pratique traditionnelle.

Les perfectionnemens apportés dans les voies de transport permettent déjà aux deux Amériques et à l’Australie de nous envoyer des laines, des céréales, des viandes salées ou conservées ; et bientôt, paraît-il, elles pourront nous expédier des bestiaux sur pied, du beurre, des fromages, du vin, des fruits à des prix qui, au dire de nos agriculteurs, les mettraient hors d’état de soutenir la concurrence.

Nos économistes se sont beaucoup préoccupés de cette question ; mais s’ils n’en ont pas toujours discerné les véritables causes, ils ont bien moins encore réussi à nous indiquer les moyens d’en conjurer les résultats. On a surtout allégué comme motifs de l’infériorité de notre production la suppression des droits de douane, et plus particulièrement de l’échelle mobile qui protégeait nos produits nationaux, l’insuffisance prétendue de notre outillage industriel en ce qui concerne les voies de transport, les charges particulières dont serait chez nous grevée l’agriculture par le fait de l’impôt foncier et de la rente payée aux propriétaires du sol, l’épuisement de nos terres végétales par rapport à celles du Nouveau-Monde.

La dernière question, plus particulièrement technique, sera traitée à fond dans le cours de cette étude ; mais je crois devoir, dès le début,