disparaît, et, par suite, c’est le crédit du pays qui est ébranlé. Si, par la même occasion, M. Ch. Boysset peut démontrer à M. de Bismarck que la république de 1881 n’est pas tenue de respecter le traité de Francfort parce que ce traité a été signé par la république de M. Thiers, ou ce qui reste des traités de 1815 parce que c’est là une œuvre de la restauration, il aura de la chance. Il est vrai qu’il sera exposé, d’un autre côté, à ce que l’Italie prétende qu’elle n’est point liée par la cession de la Savoie, puisque cette cession a été faite à l’empereur Napoléon III. C’est tout simplement la théorie de la force, et la force est d’autant plus choquante lorsqu’elle s’exerce dans les relations avec une puissance désarmée comme le saint-siège. Ce n’est pas seulement d’ailleurs le droit diplomatique qui est offensé par la proposition de M. Boysset, c’est aussi le droit constitutionnel du pouvoir exécutif annulé dans sa prérogative de négocier les traités. Tout ce que M. l’évêque d’Angers a dit était irréfutable et n’a point été réfuté. C’était une vérité évidente ; mais c’était une vérité déplaisante dans une chambre où il suffit de remuer les passions anticléricales pour obtenir les votes les plus extraordinaires. La proposition contre le concordat avait tout contre elle, la raison politique, le droit public, les intérêts libéraux aussi bien que les intérêts conservateurs ; elle n’a pas moins été prise en considération tout comme la motion de M. Papon ou la motion de M. Barodet, — et voilà encore une commission aux pouvoirs indéfinis, instituée pour agiter des questions qui sont par elles-mêmes un danger, qui peuvent remettre en doute une paix religieuse de près d’un siècle. C’était bien la peine, pour satisfaire M. Boysset, de se prêter à une résolution qui reste comme une menace ou comme une équivoque.
Ce qu’il y a de grave ou de curieux, c’est que dans toutes ces prises en considération qui se succèdent, qui touchent à tous les intérêts, si la chambre se laisse aller par passion, par faiblesse ou par ignorance à ses tentations, le gouvernement joue parfois en vérité un singulier rôle. Il craint de s’engager, il fait de la diplomatie évasive ; il laisse la chambre tomber dans le piège de ses fantaisies. Que le gouvernement ne se donne pas le souci d’intervenir et d’avoir une opinion au sujet de l’opportunité de la mémorable recension des « cahiers de 1881, » on le comprend ; c’est une question toute parlementaire, et si la chambre veut se donner le ridicule de prendre sous son patronage une collection de vieux prospectus, elle est libre, elle ne compromet que son esprit et son goût. Malheureusement, sur bien d’autres points où son intervention serait utile et sans doute décisive, le ministère évite de se prononcer d’un mot net et résolu ; il ne se jette pas dans la mêlée, à moins d’être interpellé directement comme il l’a été ces jours derniers à l’occasion de ce mouvement de grèves qui a éclaté dans le bassin minier du Gard. Il s’abstient ou il ajourne, laissant passer ce qu’il pourrait arrêter. — S’agit-il de la proposition de M. Papon sur les chemins