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REVUE LITTERAIRE

LA CHAIRE D'ESTHETIQUE AU COLLEGE DE FRANCE

La mort de M. Charles Blanc, toute récente encore, vient de laisser vacante au Collège de France une chaire que l’on avait fondée surtout, ou du moins je le crois ainsi, pour être agréable à M. Charles Blanc et à quelqu’un des siens. Mais empressons-nous d’ajouter que, si la fondation ne répondait à aucun vœu bruyamment exprimé par l’opinion publique, il n’est pas moins certain qu’elle comblait un vide fâcheux dans l’organisation du haut enseignement. C’était chose assez étrange, en effet, et même lamentable, que l’histoire de l’art (l’histoire de l’art moderne, pour mieux dire) ne fût représentée nulle part et qu’il fût plus facile à un honnête homme de trouver où se renseigner sur la chronologie des monumens de l’Égypte et de l’Assyrie que sur la différence du roman et du gothique, ou même sur les fresques de Polygnote et les tableaux d’Apelle que sur l’œuvre de Raphaël ou de Michel-Ange. Remarquez de plus que, par une regrettable rencontre, les livres, ici, n’étaient pas, comme il arrive heureusement quelquefois, pour suppléer à l’insuffisance de l’enseignement public. Si l’on sortait du collège, — et ce n’était pas rare, — sans avoir ouï seulement parler de Rubens ou de Rembrandt, il n’existait pas même un de ces Manuels, comme il en existe tant en Allemagne, où l’on pût aller apprendre au moins quelques noms, quelques dates, quelques événemens de l’histoire de l’art. Et ainsi, par une de ces