çaises sont commandées par les Duquesne, les Tourville, les Suffren, suivant que les flottes anglaises sont commandées par les Rodney, les Jervis, les Collingwood, par Nelson, le dernier et le plus illustre de tous. Aboukir, plus que Saint-Jean-d’Acre, fait évanouir les rêves du glorieux vainqueur des Pyramides ; Trafalgar ruine les projets du glorieux empereur et le rejette des plages de Boulogne vers les champs de bataille d’Austerlitz. Le maître de l’Europe épuise la France dans une lutte dont l’issue sera fatale pour elle. La maîtresse de l’océan, l’Angleterre, prépare, en toute sécurité derrière « ses murailles de bois, » son avenir d’incomparable grandeur et jette les assises de l’immense empire dont elle enserre aujourd’hui le monde, de cet empire dont les plus belles provinces sont ces colonies que créa la France, — le Canada, l’Inde, Maurice, — où les noms des Dupleix, des La Bourdonnais, des Montcalm rappellent seuls ce que fut autrefois la force expansive de notre race.
Ainsi, uniformité de type du vaisseau de ligne, unité de combat ; uniformité de composition des escadres, réunions plus ou moins nombreuses de ces unités ; un seul moteur, le vent, ne permettant qu’un nombre restreint de combinaisons tactiques et les imposant aux esprits les plus aventureux ; une même arme, le canon, lançant les mêmes projectiles, tels étaient les élémens constitutifs, à peu de chose près identiques, de toutes les marines à voile. Qui les différenciait ? Le personnel qui montait ces vaisseaux, les chefs qui commandaient ces escadres et qui, aux heures suprêmes, les animaient du souffle de leur âme héroïque. « Couvrez mon vaisseau de pavillons blancs ! » s’écriait Suffren au plus fort de la mêlée. England expects every one will do his duty était l’ordre du jour flottant aux mâts du Victory, le vaisseau de Nelson. Son devoir, c’était la victoire, et certes, les résultats de cette victoire, quand, ainsi qu’à Trafalgar, elle couronnait une longue lutte, valaient les flots de sang dont elle était achetée. C’était, pour la nation vaincue, l’anéantissement de son commerce, la perte de ses colonies, le blocus étroit de ses rivages ; c’était, pour la nation victorieuse, l’empire de la mer, l’exploitation commerciale du monde, l’absorption de ses richesses.
Que sont les marines militaires d’aujourd’hui et, dans l’état des choses actuel, quelles seraient les conséquences probables d’une guerre maritime ? J’ouvre un des nombreux recueils semi-officiels qui donnent, avec un grand luxe de détails, la composition de toutes les marines militaires du monde. En remontant des États-Unis d’Amérique, qui n’ont pas de flotte cuirassée, jusqu’à l’Angleterre, qui se repose aujourd’hui pour sa sûreté sur ses murailles de fer, comme jadis elle faisait sur ses murailles de bois, et qui, par cela même, reste la première puissance maritime du monde, l’écart est immense ; les autres marines se tiennent sur des échelons inter-