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LA PASTORALE DANS THÉOCRITE.

tiques, sortes de strophes bien courtes, mais suffisantes pour l’haleine des chanteurs. Cette petite pièce est d’une rare perfection. Ce qui en fait peut-être le charme principal, c’est ce qui se saisit le moins par l’analyse, c’est la vive impression de l’été dans la nature méridionale, qui circule partout et donne à la plupart des traits comme un parfum particulier.

Théocrite se prête mieux à l’analyse de détail qu’à un examen général. Chacune de ses idylles forme une pièce à part, qui a sa couleur et son style, diffère des autres par le dessein et la composition, réclame, par la multiplicité des intentions et le fini du travail, une étude particulière. Tout au plus peut-on rapprocher entre eux quelques-uns des dix poèmes bucoliques d’après certaines analogies de ton et de sujet. Il n’y a pas d’ailleurs à se préoccuper de l’ordre suivi dans le recueil. On lit dans l’argument de la première idylle qu’elle est placée en tête comme la plus agréable et comme faite avec le plus d’art, suivant le précepte de Pindare, qui recommande de « mettre à l’entrée d’une œuvre une façade qui brille au loin. » Il est possible en effet que l’éditeur inconnu l’ait choisie pour la première place à cause de sa valeur ; j’ajouterai qu’étant consacrée à Daphnis, le héros légendaire de la poésie bucolique, elle convenait comme pièce d’inauguration ; mais je doute fort, malgré l’opinion de Sainte-Beuve, qu’une pensée particulière de rapprochement ou d’opposition ait déterminé avec certitude la place des autres poèmes. Pourquoi, si l’on s’est réglé sur les ressemblances de ton, ne pas avoir mis la xe idylle à côté de la ive et de la ve ? Si l’on a cherché les contrastes, pourquoi séparer de la ve la viiie, si différente dans un cadre analogue ? Si l’on s’est inquiété du rapport des matières traitées, pourquoi la iiie ne précède-t-elle pas immédiatement la xie, qui est le développement mythologique du même thème, les plaintes d’un jeune amant rebuté ? Pourquoi enfin cette dernière n’est-elle pas plus voisine de la vie, qui a de même pour sujet les amours de Polyphême et de Galatée ? Ces questions, en prouvant que le hasard ou tout au plus un simple souci de variété a décidé de la succession des idylles dans le recueil, ont peut-être surtout le mérite d’indiquer un ordre pour les étudier. Il semble en effet assez naturel de commencer par les pièces les plus simples, en tenant compte de l’analogie et du rapport des sujets, et de terminer par celles où se reconnaissent un art plus savant et une délicatesse supérieure.

Il faudrait donc, dans cette étude minutieuse du détail que réclame un pareil poète, prendre d’abord la ive et la ve idylles. La ive, si vide au jugement de Fontenelle, si pleine auprès des siennes, et surtout si vraie et si colorée dans sa simplicité rustique, n’a qu’un petit