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importune en ne décourageant personne. Révisionnistes et antirévisionnistes ont pu se retirer à peu près satisfaits ou désintéressés d’un combat engagé sans chaleur, soutenu sans insistance. On a interrogé le ministère sur la politique qu’il se proposait de suivre dans la régence de Tunis, en Égypte, et M. le président du conseil ne s’est point assurément beaucoup compromis en déclarant que la question de Tunis était une des premières dont le nouveau cabinet avait eu à s’occuper, qu’elle n’était pas facile, — et que pour l’Égypte on ne s’exposerait pas à des aventures. Quoi donc encore ? On a cru sans doute embarrasser un peu le gouvernement ces jours derniers en l’interrogeant sur une prétendue reconstitution ou réapparition des communautés religieuses dissoutes, et le ministère n’a pas eu à faire de grands frais pour montrer qu’on se battait contre des moulins à vent, pour mettre les rieurs de son côté. M. le président du conseil n’a pas eu même à intervenir personnellement et à se défendre contre une interpellation plus ou moins malicieuse qui n’avait d’autre objet que de l’amener à dire s’il s’était converti depuis le jour où il avait quitté le pouvoir pour ne pas avoir à exécuter jusqu’au bout les décrets sur les congrégations religieuses. De toutes ces petites rencontres le gouvernement est sorti sans peine et sans effort, sans être atteint par des débats plus méticuleux et plus fatigans que dangereux. Ce ministère, tel qu’il est en définitive, il n’a pas seulement l’avantage de paraître mieux composé, plus sérieux que son prédécesseur ; il a encore cette chance de pouvoir rallier plus ou moins à sa cause ceux qui craindraient, en lui infligeant un échec, de ménager une sorte de succès rétrospectif ou de vengeance au dernier cabinet et ceux qui ne voient pas trop comment, dans les circonstances présentes, on pourrait le remplacer.

Oui, assurément, par toute sorte de raisons, cette première phase d’entrée en action n’a point été défavorable au gouvernement renouvelé il y a un mois. Le ministère est resté jusqu’ici maître de la position, sans grande difficulté, sans contestation sérieuse. Malheureusement il est assez clair que ces premières, que ces modestes victoires par lesquelles il a signalé son entrée au pouvoir n’ont rien de décisif et que la situation tout entière ne demeure pas moins indécise. Quelles que soient les apparences, on sent dans le cabinet comme dans le parlement une certaine faiblesse, et cette faiblesse s’explique parce qu’en fin de compte, malgré toutes les déclarations, on ne voit pas bien ce que veut, ce que représente le ministère, parce qu’on sait encore moins où est la vraie majorité parlementaire au milieu de tous ces groupes qui se décomposent et se reconstituent sous toutes les formes, en prenant toute sorte de noms de fantaisie. Voyez ce qui arrive depuis quelque temps dans cette chambre qui n’a pas encore une année d’existence. Il y a une nouvelle « union républicaine, » l’union démocratique, qui est aussi de formation nouvelle, la gauche radicale, l’extrême