Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/962

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sur ce terrain, toutes les puissances peuvent et doivent se retrouver d’accord pour suivre une politique commune dont le dernier mot est après tout de sauvegarder les intérêts universels et la civilisation dans cette partie de l’Orient.


Ch. de Mazade.




LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




La liquidation de fin janvier a consacré la défaite de la spéculation à la hausse. Cette spéculation, qui, depuis plusieurs années, avait marché de succès en succès et résisté à toutes les crises, a dû mettre bas les armes et se rendre à discrétion à ses ennemis, c’est-à-dire aux banquiers reporteurs. On lui doit, à cette spéculation, il ne faudrait pas trop l’oublier au moment où elle sombre, le relèvement rapide et éclatant du crédit de la France au lendemain des plus terribles épreuves. C’est elle qui a conduit notre rente 3 pour 100 de 55 à 85 francs, et le 5 pour 100 de la libération du territoire de 82 fr. 50, premier cours d’émission, à 120 francs, cours de conversion que nos gouvernans n’ont pas eu l’habileté de saisir au moment propice. Il est vrai que cette spéculation à la hausse a suivi l’exemple de tous les grands conquérans. Après les solides et substantielles victoires, elle a poursuivi les triomphes pompeux et bruyans, les coups d’éclat qui étonnent les esprits et frappent l’imagination. Elle a porté successivement toutes les valeurs à des prix qu’elle n’eût même pas rêvés au début de la campagne ; elle s’est grisée de son pouvoir et a voulu imposer au monde financier le régime des actions à 3, 000 francs pièce.

La chute a été soudaine, et le coup a été d’autant plus rude pour la spéculation qu’elle tombait de plus haut. La crise est une des plus intenses dont on ait souvenir à la Bourse, bien qu’elle n’atteigne en aucune façon, comme nous l’avons déjà fait remarquer, les sources vives de la production, du travail et, par conséquent, de la richesse de la nation. Crise de spéculation, elle frappe tout ce qui, à Paris et dans les départemens, a plus ou moins spéculé à la hausse dans ces derniers temps ; c’est dire que le nombre des ruines individuelles ne saurait être en tout cas que trop élevé. Mais elle ne fera subir à