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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février 1882.

Un ministère est disparu, un autre ministère est venu au monde. Ce que le cabinet du 14 novembre a fait de sa main légère dans sa courte existence plus bruyante que sérieuse, le cabinet nouveau s’est empressé de le défaire en grande partie. Il est certain que ce nouveau cabinet, qui est né le dernier jour de janvier, a eu depuis son avènement assez de travail, ne fût-ce que pour se reconnaître, pour essayer de reconstituer ce que ses prédécesseurs avaient désorganisé, pour remettre un certain ordre rationnel dans une multitude de services découpés ou dispersés par la fantaisie. Il a voulu refaire la direction des beaux-arts telle qu’elle existait depuis longtemps, et en la remettant à sa vraie place, avec les lettres, à l’instruction publique, il lui a rendu naturellement ce qui lui appartenait. Il s’est fait un devoir de reconstituer aussitôt l’administration des cultes démembrée, bouleversée par un esprit brouillon, et en rattachant cette direction réorganisée à la chancellerie, il lui a restitué aussi son nom, son autorité, ses attributions traditionnelles. Les colonies, de leur côté, sont revenues à la marine, dont elles avaient été arbitrairement séparées, et le nouveau ministre, M. L’amiral Jauréguiberry, en homme d’expérience et de maturité, s’est hâté de soumettre à une révision sévère les inventions réformatrices de l’administrateur improvisé qui, à son entrée au pouvoir, annonçait sans façon à de vieux marins qu’ils auraient à gagner sa confiance.

Quinze jours ont à peine suffi pour ce travail, pour faire disparaître presque tout ce qu’on avait créé et faire revivre tout ce qu’on avait détruit, pour revenir en un mot au point où on en était au mois de novembre. C’est la période des décrets rectificatifs, et si, pour le bien du pays, pour la dignité même du pouvoir, on est tenté de trouver que