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LES
INTERPRÈTES CIVILS
EN ALGERIE

L’importance des fonctions d’interprète en Algérie est un fait qu’il est à peine besoin de signaler. Dans ce pays, les sept huitièmes de la population parlent des dialectes arabes ou berbers, et le dernier huitième est loin d’être lui-même homophone, puisqu’il se compose pour plus de moitié d’étrangers de toutes nations, Espagnols catalans, Espagnols castillans. Italiens de trois dialectes au moins, Maltais, Allemands, etc. Beaucoup de ces étrangers savent parler notre langue, d’autres en peuvent connaître une plus répandue que la leur dans notre colonie, et les Maltais, par exemple, s’assimilent vite le dialecte arabe barbaresque, peu différent du leur, de même que les indigènes berbérisans, dont le vocabulaire s’est imprégné pendant douze siècles de l’idiome des conquérans, apprennent vite le langage arabe ; presque tous les Catalans, dans lesquels on confond Valenciens et Baléariens, comprennent un peu de catalan, et les Sardes les plus ignorans, malgré leur pluriel en s, ne nient pas la parenté de leur dialecte avec le toscan aux finales sonores. Mais devant la justice, où il faut un langage précis et où l’assurance des plus hardis fléchit souvent, au point de faire bégayer chacun dans son propre idiome, les à-peu-près du sabir au verbe sans temps ni mode, au substantif sans genre ni nombre, ces à-peu-près ne suffisent plus.