Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/914

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore à cette grande école de l’Attique dont il a reçu la forte éducation. Cet Hermès, — la plus précieuse assurément de toutes les découvertes faites à Olympie, — suffirait à protéger sa mémoire contre ces attributions outrageuses pour son nom de tant de figures fades, veules et affectées, qui, posant l’expression, ont trop longtemps abusé l’admiration publique : Cupidons langoureux, Niobides sentimentales, attifées dans des paquets de lourdes draperies et levant dans des poses affectées leurs yeux vers le ciel, toutes ces copies plus ou moins fidèles de marbres célèbres n’approchent pas de la perfection de ce rare ouvrage qui, cent ans après Phidias, nous montre encore l’excellence de l’art grec et la persistance de ces saines traditions dont les marbres de Pergame vont nous fournir une preuve nouvelle et bien autrement imprévue.


II.

Les découvertes faites à Olympie, quelle que soit d’ailleurs l’importance qu’elles offrent pour l’histoire de l’art, ne sont représentées au musée de Berlin que par des moulages dont les autres collections pourront désormais s’assurer facilement le bénéfice. Mais ce musée est entré récemment en possession d’œuvres originales d’une beauté exceptionnelle et d’un intérêt esthétique bien supérieur, puisque, portant l’empreinte du travail de l’artiste, elles nous fournissent en même temps des révélations tout à fait inespérées sur une époque et une école à peu près ignorées jusqu’ici. L’histoire des fouilles de Pergame a été exposée avec détail dans la Revue<ref> Les Fouilles de Pergame, par M. G. Cogordan. (Voyez la Revue du 1er avril 1881.) <ref>. Après la description que M. Cogordan a donnée des marbres de la Gigantomachie, après tout ce qu’il a dit des circonstances qui ont amené leur découverte, du pays où elle s’est produite et de son histoire, il est permis de considérer le sujet comme épuisé à ce point de vue. Nous trouvant à Berlin au moment même où paraissait le travail de M. Cogordan, nous avons pu apprécier l’exactitude de ses informartions, et leur justesse nous était confirmée par les explications que nous tenions du savant directeur du musée des antiques, M. A. Gonze, qui voulait bien lui-même nous servir de guide et qui, mieux que personne, était en mesure de nous renseigner, puisque, mêlé des premiers à ces fouilles, il n’a pas cessé de les diriger et d’y prendre la part la plus active. Nous n’avons donc pas à revenir sur les divers points qu’a traités M. Cogordan ; mais l’installation des marbres de Pergame au musée de Berlin, bien que provisoire