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au programme de l’agrégation d’histoire et de géographie. C’était une heureuse innovation que de grouper ainsi des hommes séparés par un cadre administratif, mais unis par la communauté de la vocation et tous désireux de fonder en Sorbonne une école historique. Huit jours après, le comité d’histoire, présidé par M. Wallon, alors doyen de la faculté, faisait comparaître devant lui les candidats à l’agrégation : c’étaient deux boursiers, une douzaine de professeurs d’histoire licenciés, délégués dans les lycées de Paris. Le 22 novembre, dans une troisième séance, les professeurs et maîtres de conférences rédigeaient une affiche portant en tête : « Agrégation d’histoire et de géographie. Conférences et exercices préparatoires. » Chacun avait choisi son auteur, sa question; chacun s’était engagé à diriger des exercices pratiques et à donner aux candidats les indications utiles à leurs études. On avait décidé que ces conférences seraient ouvertes seulement aux boursiers de la faculté, aux élèves de l’École normale et de l’École des hautes études et aux étudians régulièrement inscrits sur un registre spécial ouvert au secrétariat de la faculté ; que l’entrée en serait défendue contre le public par un appariteur spécial ; que des livres seraient achetés au moyen d’un crédit à solliciter du ministère. Dans une dernière réunion, tenue le 4 janvier 1881, la liste des livres à acquérir fut arrêtée. Déjà les conférences étaient ouvertes et le petit séminaire d’histoire en activité. Tout ce qui avait été demandé avait été accordé. A la première séance du comité assistait M. Dumont, directeur de l’enseignement supérieur, qui, après M. du Mesnil, perpétue au ministère la tradition du dévoûment éclairé aux grands intérêts de l’enseignement supérieur.

Cette première année d’enseignement intime de l’histoire s’est bien passée. Des élèves de l’École normale et quelques étudians libres s’étaient joints aux boursiers et aux délégués : nous avions vingt-cinq élèves, auxquels les conférences ont rendu de grands services. Mais ces conférences n’étaient qu’un essai d’organisation de l’enseignement historique en Sorbonne. Nous pensions qu’il n’est point de la dignité d’une faculté de préparer des étudians pour un concours, si relevé qu’il soit. D’ailleurs les jeunes gens que nous avions devant nous étaient pressés de terminer leurs études tardives. Quiconque prépare un examen à courte échéance n’écoute ni son maître, ni lui-même : il entend à l’avance les questions de l’examinateur. En aidant nos élèves, nous préparions ce passé où on les avait laissés errer sans guides, nous ne préparions pas l’avenir; mais il était permis d’espérer que l’année suivante amènerait à la faculté des étudians plus jeunes, qu’elle garderait assez longtemps pour leur donner l’éducation historique. Cette espérance n’a pas été