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LA
SITUATION DE LA TURQUIE

II.[1]
LA POLITIQUE PERSONNELLE ET LE DÉSORDRE ADMINISTRATIF ET FINANCIER.


I.

En exposant, dans une précédente étude, la politique actuelle de la Turquie, je me suis toujours servi des expressions : la politique d’Abdul-Hamid, les projets d’Abdul-Hamid, les expériences et les illusions d’Abdul-Hamid ; j’ai pris soin de ne jamais employer la vieille formule : la Porte ottomane. En effet, la Porte n’existe plus : c’est même là le trait essentiel, le caractère principal du régime sous lequel vit en ce moment l’empire ottoman. Avant Abdul-Hamid, le pouvoir du sultan était absolu sans doute, mais il s’exerçait au moyen de ministres qui avaient un rôle actif dans le gouvernement, dans l’administration, dans la conduite des affaires intérieures et extérieures. Il n’en est plus ainsi aujourd’hui. Les ministres ne sont que de simples commis chargés d’exécuter sans les discuter les ordi-es du souverain ; ils sont moins que cela encore, car souvent a volonté d’Abdul-Hamid passe par-dessus leurs têtes et s’exerce par d’autres instrumens qu’eux. Il leur est interdit de prendre la

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1881.