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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La chute soudaine et retentissante de l’Union générale a été l’événement principal de la seconde quinzaine de janvier. On supposait bien, après la liquidation déjà désastreuse du 15, alors que le Suez avait déjà baissé de 1,000 francs et que le marché était profondément ébranlé, que les vendeurs essaieraient de prendre leur revanche de tant de défaites qui leur avaient été infligées par l’Union. Mais on s’attendait à une lutte, on pensait que l’énergie de la résistance serait mesurée à la violence de l’attaque. Ce que l’on ne pouvait prévoir, c’était l’anéantissement immédiat, la défaite sans combat, cette déroute du 19 janvier, l’action de l’Union tombant de 1,100 francs dans une seule journée sous l’effort d’une vente de quelques centaines de titres.

On a pu craindre tout d’abord que le désastre de l’Union ne fît sauter les deux marchés de Lyon et de Paris. Pendant quelques jours, les opérations ont été complètement suspendues ; on a eu peine à se remeure de l’émoi causé par l’énormité des pertes. Les plus vieux boursiers n’avaient pas conservé le souvenir d’une crise aussi intense. Heureusement les vendeurs eux-mêmes ont été effrayés de la portée de leur victoire; toute la haute banque a été appelée à l’aide; on a ébauché plusieurs tentatives de sauvetage, quelques mesures préliminaires ont été adoptées qui permettront à la spéculation à la baisse d’encaisser ses bénéfices, à la compagnie des agens de change de Paris de faire face à ses engagemens, et enfin aux banquiers reporteurs de ne pas être obligés de prendre la charge des titres sur lesquels ils avaient prêté.

La situation du parquet, disons-nous, est sauvée. Samedi, en effet, a eu lieu à trois heures une réunion des plus grandes maisons de banque de Paris; les représentans de ces établissemens ont décidé qu’ils garantiraient, chacun pour une quote-part déterminée, une somme pouvant s’élever à 85 millions, sous la caution solidaire de tous les agens de change de Paris et par l’intermédiaire de la Banque de France. C’est dans cette réserve que pourront puiser les agens pour combler le déficit que creuserait dans leur caisse le non-paiement des différences par une fraction de leur clientèle.

A Lyon, sur la demande d’un créancier de l’une des charges, le tribunal de commerce a prononcé la mise en liquidation judiciaire de la