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LE
MINISTÈRE DES ARTS

Si la monarchie protège les arts, les républiques ne leur sont point ennemies. Sans remonter à la démocratie athénienne ni à l’oligarchie de Venise, on a l’exemple de la première république française. La révolution a ouvert le musée du Louvre, créé les quinze grands musées de province, introduit l’étude du dessin dans l’enseignement, décrété des concours et des expositions, fondé la quatrième classe de l’Institut, où les artistes retrouvèrent les honneurs et les avantages de l’ancienne Académie royale de peinture et de sculpture. De toutes les institutions de l’ancien régime, la révolution n’en a conservé qu’une seule : le prix de Rome. Le 25 novembre 1792, la convention, qui avait cependant à s’occuper de choses tout autrement sérieuses, plaçait l’école de Rome sous la direction de l’agent français près le saint-siège, et le 1er juillet 1793, Rome fermée, les élèves chassés, elle décrétait qu’une pension de 2,400 livres serait servie pendant cinq ans aux lauréats. C’était maintenir le principe de l’école de Rome malgré les événemens.

La troisième république, qui se pique d’être athénienne, a jusqu’à présent imité la première dans sa sollicitude pour les beaux-arts. Depuis 1872, les expositions, les commandes aux artistes, les acquisitions de tableaux et de statues ont été nombreuses. Les écoles spéciales de dessin de Paris et des départemens ont reçu des subventions. On a ouvert le Panthéon à la grande peinture. Le dessin a été rendu obligatoire dans les lycées et dans les écoles. On a commencé l’inventaire des richesses d’art de la France. Enfin, sans doute pour affirmer l’importance des choses de l’art dans notre pays, après