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ÉTUDES DIPLOMATIQUES

LA PREMIÈRE LUTTE DE FRÉDÉRIC II ET MARIE-THÉRÈSE
D’APRÈS DES DOCUMENS NOUVEAUX



V[1].

PREMIÈRE DÉFECTION DE FRÉDÉRIC. — L’ESCALADE DE PRAGUE.


Le soulèvement armé de la Hongrie en faveur de Marie-Thérèse produisit en Europe une impression considérable. Plus d’un de ceux qui avaient vu la courageuse princesse partir pour ce pays encore réputé semi-barbare s’imaginait qu’elle n’échapperait pas aux périls qu’elle allait braver. Ce fut un étonnement général de la voir, au contraire, prête à revenir suivie d’une foule guerrière que sa voix avait fait lever du sol. Les vieilles provinces héréditaires d’Autriche dont le dévoûment commençait à fléchir devant l’adversité, rougissaient de se voir prêcher d’exemple par la terre classique de la révolte et de l’indiscipline. Les pays qui craignaient d’être le théâtre des combats s’alarmaient de voir fondre sur eux un flot d’hommes plus semblable à une invasion qu’à une armée. En France, les imaginations naguère exaltées par l’espérance de la conquête de l’Allemagne

  1. Voyez la Revue du 15 novembre, du 1er  décembre 1881, du 1er  et du 15 janvier 1882.