Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/449

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les plus chaleureuses de la reconnaissance publique ont été, à cette occasion, prodiguées au donateur, qui, tout récemment encore, dans une fête donnée en son honneur par la ville de Berlin, recevait le titre de citoyen honoraire de cette ville. tandis que Mme Schliemann, accueillie elle-même par des complimens aussi flatteurs qu’inattendus, était comparée à Iphigénie. L’hommage peut, sous cette forme, paraître d’une poésie excessive; mais ces témoignages de gratitude ont leur utilité pratique, puisqu’ils sont de nature à encourager la générosité d’autres amateurs et à provoquer de nouveaux dons en faveur des musées.

Le cabinet des médailles forme à Berlin une section distincte des musées et, bien qu’une partie des richesses qu’il possède ait été acquise déjà par le grand-électeur, on peut dire qu’il est cependant de fondation assez récente. Mais ses richesses, méthodiquement classées, se sont très rapidement accrues dans ces derniers temps grâce aux acquisitions successives de collections de premier ordre telles que celles du général Fox en 1873, du comte Prokesch en 1875 et celle du colonel Guthrie l’année suivante. Il est vrai que cette section figure pour le chiffre le plus élevé dans la moyenne annuelle des crédits que nous avons donnée précédemment. Aujourd’hui, le cabinet de Berlin compte plus de deux cent mille pièces et doit être cité immédiatement après ceux de Paris et de Londres, avec lesquels, sur certains points, il peut soutenir la comparaison.

Le palais des musées nationaux renfermait aussi autrefois une collection d’objets d’art de la période chrétienne (bronzes, ivoires sculptures en bois, émaux ou bijoux) qui provenaient du trésor royal. Mais ces objets, distraits du local qu’ils occupaient primitivement, ont servi à former le noyau du musée d’art industriel (Kunst-Gewerbe-Museum) maintenant installé dans un magnifique édifice qui, tout récemment, vient d’être inauguré. Quelques vitrines cependant, encore disposées dans les salles de sculptures de la renaissance, contiennent un petit nombre d’œuvres originales et notamment une série de plaquettes en cuivre dont plusieurs sont d’un travail très fin. Citons entre autres un petit bas-relief attribué à Verrocchio et représentant un chevalier qui perce de sa lance un monstre à tête de lion et à queue de serpent : le type et le mouvement du cheval de ce bas-relief se retrouvent dans certains dessins de Léonard de Vinci. Notons encore un Ensevelissement du Christ, par Riccio, semblable à l’exemplaire que nous possédons au Louvre; une Ronde d’enfans, par Donatello; enfin un Orphée et Eurydice, qui, sauf de légères variantes, reproduit une autre plaquette, appartenant à M. Dreyfus, et que, d’après le monogramme qui y est figuré en relief, on avait cru devoir attribuer à J. de Barbari, le maître au