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dont en Allemagne l’autorité militaire n’a pas seule le privilège et qui ont pour but de tenir en haleine tous les fonctionnaires. Quoi qu’il en soit, et bien qu’en effet, à y regarder de près, les dimensions et même les attitudes de certaines figures ne semblent pas se rapporter très exactement à cette disposition hypothétique des deux frontons, ces figures ont du moins un mérite d’art très réel et quelques-unes même sont tout à fait remarquables.

La collection des vases peints, riche et surtout bien composée, comprend, entre autres, les lécythes les plus grands qui soient connus. La décoration de ces vases offre une grande variété; les uns sont monochromes, d’autres présentent des essais de coloration; sur d’autres enfin, un simple trait indique le contour des personnages, mais il est tracé d’une main si sûre, avec une si parfaite intelligence de la forme, que c’est là encore une occasion pour nous d’admirer cet art grec qui, dans des objets tout à fait usuels, arrive à se manifester d’une manière aussi excellente. A l’intérêt esthétique les scènes ainsi figurées joignent souvent celui des révélations de toute nature sur l’antiquité. Tel vase, par exemple, semble destiné à présenter un résumé des soins divers qu’embrasse l’éducation des jeunes gens et, en nous les montrant occupés à écrire, s’exerçant à la lutte ou jouant de la lyre, il nous fait voir, à côté de la part faite au développement du corps et à l’instruction de l’esprit, celle qui était réservée à la culture des arts. Sur tel autre, Minerve, la déesse de l’intelligence, est figurée comme patronne de la sculpture, l’art athénien par excellence; sous les yeux d’un statuaire attentif à ses leçons, elle modèle avec l’argile plastique un cheval dont les formes rappellent celles des chevaux du Parthénon. Quelques fragmens de peintures provenant de Pompéi ou d’Herculanum, appliqués sur les murailles de cette salle, nous offrent des spécimens de la décoration intérieure des maisons romaines, et une mosaïque, l’une des plus belles connues, trouvée dans la villa d’Hadrien et qui date probablement de cet empereur, représente un Combat de centaures contre des bêtes féroces, dans lequel les mouvemens et les expressions de ces fauves sont très habilement rendus.

Enfin, outre ses bijoux étrusques, grecs ou romains et ses pierres gravées ou sculptées, parmi lesquelles nous remarquons un onyx plus petit que le vase de Brunswick, mais d’un travail beaucoup plus fin, la collection des objets précieux renferme le fameux trésor de Hildesheim, qu’ont fait assez connaître chez nous de nombreuses reproductions obtenues par la galvanoplastie, qui ont paru à différentes expositions. Cette partie des collections, déjà fort importante, on le voit, va bientôt recevoir encore les très nombreux objets recueillis par M. Schliemann dans ses fouilles de Mycènes et de la Troade, et offerts par lui à l’empire allemand. Les démonstrations