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au classement du musée égyptien de Berlin. Ce dernier s’est constitué par les acquisitions successives des collections du général Minutoli (1823), de Passalacqua (1827), du consul de France Drovetti (1837) et de M. Saulnier (1839). Les objets qui y sont réunis, exposés d’abord au château de Monbijou, furent, en 1847, transportés au nouveau musée dans le local qu’ils occupent aujourd’hui. Leur installation coïncidant avec le retour de l’expédition scientifique d’Égypte organisée par le roi Frédéric-Guillaume IV, les membres de cette expédition dirigèrent l’aménagement et la décoration des salles dans lesquelles tout ce qu’ils avaient eux-mêmes rapporté fut aussi placé. Ces salles sont au nombre de trois. Un temple, figuré dans l’une d’elles, renferme les statues, les inscriptions et les divers objets ayant rapport au culte ; une autre est consacrée aux tombeaux, et dans la dernière on a rassemblé tout ce qui peut nous renseigner sur l’histoire, l’art et la vie publique ou privée des Égyptiens. Toutes trois sont classées suivant l’ordre chronologique, et un excellent catalogue, dû à M. Lepsius, en facilite singulièrement la visite. Une collection de moulages vient encore compléter les indications fournies par les originaux au moyen de reproductions des morceaux les plus remarquables choisis dans d’autres collections. Enfin on a également peint sur les murailles les aspects les plus pittoresques des temples et des principaux monumens échelonnés le long du cours du Nil.

Près du musée égyptien se trouvent les collections ethnographiques et le musée préhistorique. Le local occupé par les premières étant tout à fait insuffisant, il règne aujourd’hui quelque confusion dans leur classement. On a d’ailleurs reconnu que la place de ces curiosités n’était point dans un palais consacré aux arts et que ce voisinage, dont sans doute notre musée de marine du Louvre avait inspiré la malencontreuse idée, n’était aucunement justifié. Leur déplacement prochain a donc été résolu. Quant au musée préhistorique, dont les principales richesses consistent en antiquités trouvées dans le Nord et particulièrement en Prusse, il comprend des bijoux, des armes, des poteries, des vêtemens et des ustensiles de toute sorte provenant surtout de fouilles faites dans des tumulus. Mais, là aussi, le classement laisse fort à désirer, et son incohérence résulte probablement de l’incertitude où l’on est encore relativement à la conservation, dans le local actuel, de ce musée, qui nous paraît en effet destiné à en être exclu dans un avenir assez rapproché. Cette période préhistorique, dont la durée s’est prolongée assez tard dans des contrées où la civilisation n’a que bien lentement pénétré, s’arrête généralement à l’époque carlovingienne ; les objets de fabrication plus récente font partie de la collection des antiquités nationales ou de celle du Gewerbe-Museum.