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avait été résolue ; mais, au dernier moment, la chambre des députés refusa d’allouer un modeste crédit de 100,000 francs demandé pour son installation. Heureusement la commission des monumens historiques, prenant à sa charge la réalisation de la partie du projet qui rentrait spécialement dans ses attributions, accepta d’en faire les frais en se contentant de l’octroi d’un local, qui lui fut accordé au Trocadéro. Peut-être la situation de ce local est-elle un peu excentrique; du moins ses dimensions permettront-elles de donner au musée futur un développement suffisant. Mais cette collection, limitée à l’étude comparative de notre sculpture nationale avec les principales écoles de l’antiquité et des temps modernes ne répond que d’une manière bien incomplète à des besoins dont l’évidence ne saurait plus être contestée. Il faut espérer qu’il leur sera enfin donné une prompte satisfaction. Sans parler des avantages positifs que nos artistes y trouveront et de l’éducation du goût public, à laquelle il servirait si puissamment, l’établissement d’un tel musée intéresse au plus haut degré l’avenir même des études archéologiques en France. Si, malgré tant de travaux, l’histoire de l’art antique présente encore bien des obscurités et des incertitudes, peut-être est-ce à cette absence d’un musée de moulages que doit être attribuée, en partie du moins, la rareté actuelle des études d’ensemble qui éclaireraient cette histoire. Depuis longtemps la sculpture grecque, par exemple, n’a plus donné lieu chez nous qu’à des publications partielles, et nous n’avons jusqu’ici rien à opposer à ces ouvrages nombreux qui, chez nos voisins, présentent le tableau du développement entier de cet art, notamment à cette Plastique de J. Overbeck, aujourd’hui à sa troisième édition, et qui, comme répertoire de l’état actuel des connaissances, a été mise au courant des découvertes les plus récentes. Il appartiendrait à un écrivain français de nous donner, avec la même étendue de recherches, un livre moins diffus, qui montrât dans sa composition ce goût plus fin, plus délicat, que réclame un si noble sujet. Cette lacune heureusement va bientôt disparaître, et c’est avec une sympathie bien légitime et toujours croissante que nous voyons accueillir la publication du vaste travail si courageusement entrepris par M. G. Perrot, et dans lequel il a commencé à retracer l’histoire de l’art chez les différens peuples de l’antiquité, avec une sûreté d’informations, une méthode et une netteté d’exposition que plus d’une fois déjà les lecteurs de la Revue ont pu apprécier.


III.

Le même désir d’instruire et de parler aux yeux que nous avons loué dans l’organisation du musée des moulages a également présidé