aux généralisations, il se sent en même temps plus circonspect, plus modeste, moins porté à caresser ses propres chimères. L’art se découvre à lui plus riche, plus indépendant, plus imprévu dans ses expansions que ne l’imaginaient les systèmes; il comprend que, comme toute chose humaine, cet art n’échappe pas à la logique, mais que, si puissante qu’elle apparaisse dans son histoire, elle n’y a jamais ni cette étroitesse, ni cette rigidité absolue qui ne sauraient se rencontrer là où interviennent aussi activement la liberté et la volonté humaines.
La collection des moulages du musée de Berlin embrasse, nous l’avons dit, tous les temps et toutes les écoles de la sculpture antique et moderne ; mais elle est particulièrement riche en œuvres de l’art grec, et il n’est guère de production un peu remarquable de cet art qui n’y figure à sa place et à sa date. C’est d’abord la période archaïque, avec ses emprunts à l’Assyrie et à l’Egypte, et ses plus anciens ouvrages : la porte des Lions de Mycènes, les métopes de Sélinonte, l’Apollon d’Orchomène, le monument de Xanthe, la Minerve de Dresde et les statues d’Egine. Viennent ensuite les œuvres de la grande époque : le fronton du Parthénon, les statues du temple de Thésée; puis les reproductions d’ouvrages originaux ou de copies anciennes des chefs-d’œuvre des Myron, des Praxitèle, des Lysippe, des Scopas, etc. ; puis encore des spécimens nombreux de l’art asiatique, provenant d’Halicarnasse, d’Éphèse ou de Pergame. De chaque côté du grand escalier se dressent les colosses de Monte-Cavallo ; enfin une riche collection d’animaux et des modèles choisis de l’art décoratif, des vases, des autels, des tombeaux, des stèles, des chars, etc., complètent cet ensemble, chaque objet portant l’indication du sujet représenté et du lieu où se trouve l’original. L’art romain succède à l’art grec, et si inférieur qu’il lui soit dans la création des types, nous le voyons s’en inspirer et même se maintenir en face de lui par l’intelligente sincérité avec laquelle il interprète la nature. Ces statues et ces bustes, où revivent tant de personnages célèbres, généraux, empereurs ou impératrices, nous laissent d’eux une image plus nette qui contrarie ou confirme l’idée que, d’après l’histoire, nous pouvions nous former de leur tournure et de leur physionomie.
La prédilection marquée de l’un des anciens directeurs du musée, M. de Olfers, pour l’art du moyen âge en Allemagne explique, sans la justifier, la place excessive accordée à des moulages tels que les fonts baptismaux de Hildesheim, les portes d’église de cette même ville, le lion de Brunswick, les tombeaux d’Henri le Lion et de sa femme, la chaire et le grand autel de Wechselbourg, les deux statues de Naumbourg, etc. Ces ouvrages ont, en effet, plutôt un intérêt historique qu’une valeur positive. Il faut aller jusqu’à la fin du moyen