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successives introduites dans l’administration des musées et leur mode d’organisation tel qu’il est aujourd’hui en vigueur. Puis, chacun des conservateurs expose, à son tour, les accroissemens qu’a reçus, pendant les trente dernières années, chacune des dix sections qui relèvent de la direction générale. On reste frappé, après une telle lecture, des sacrifices considérables faits par l’état en faveur des musées et, en même temps, de l’ordre, de l’intelligence et du zèle avec lesquels, dans ces dernières années surtout, l’administration a secondé les vues libérales du gouvernement.

C’est en 1807, au plus fort des désastres de la Prusse, que pour la première fois fut exprimée la pensée de réunir dans un local spécial les œuvres d’art dispersées dans l’es résidences royales. A cette date, chassé de sa capitale et réfugié à Memel, Frédéric-Guillaume III annonçait cette intention dans des paroles mémorables et en quelque sorte prophétiques : « Nous devons avoir à cœur, disait-il, de réparer par le développement de nos ressources intellectuelles les pertes matérielles que nous venons de subir ; » et presque en même temps, il arrêtait la fondation de l’université de Berlin et celle d’un musée d’art dont les objets précieux épars dans les divers châteaux du domaine privé constituaient le premier fonds. L’idée agitée alors, bien qu’elle se fût produite simultanément de plusieurs côtés, devait cependant éprouver bien des retards et des difficultés avant de recevoir un commencement d’exécution. Quand les circonstances permirent d’en essayer la réalisation, on songea d’abord à utiliser des bâtimens déjà existans. Mais l’emplacement qu’ils offraient ayant été reconnu insuffisant, c’est seulement en 1816 qu’on résolut l’érection d’un édifice spécial dont les travaux commencés au mois de juin 1825 ne furent, au début, poussés que très mollement L’architecte Schinkel, chargé de les diriger, reçut même en 1826 la mission d’aller étudier l’installation des musées de Londres et de Paris. Sans sortir de l’Allemagne, il aurait pu trouver des exemples meilleurs à suivre. C’est de 1826 à 1836, en effet, que M. de Klenze a construit à Munich l’ancienne Pinacothèque où il a inauguré ces dispositions nouvelles d’aménagement qui sont aujourd’hui généralement adoptées dans toute l’Allemagne[1], nous voulons dire cette succession parallèle de vastes salles destinées à recevoir des toiles de grande dimension, et de cabinets qui leur correspondent et présentent pour les petits tableaux des conditions meilleures de placement et de lumière, en même temps qu’un développement plus considérable de parois. Peut-être Schinkel s’est-il préoccupé du style extérieur de l’édifice qu’il avait

  1. Le nouveau musée de Cassel, et surtout celui de Francfort-sur-le-Mein offrent des types accomplis de cette disposition.