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de Dresde, dans un état d’infériorité manifeste. Les chefs-d’œuvre des grandes époques de l’art moderne étant, pour la plupart, immobilisés dans les collections publiques anciennement formées, les occasions d’en acquérir sont devenues de plus en plus rares. On a compris à Berlin qu’en s’attachant, d’une part, à réunir les œuvres les plus remarquables des époques primitives, et de l’autre, à classer dans un ordre méthodique tout ce qu’on pourrait ainsi amasser, on arriverait à donner aux collections un intérêt historique et à procurer au public des facilités d’étude dont il est trop souvent privé. On entendait bien d’ailleurs ne rien négliger pour accroître ce premier fonds.

Le succès est venu peu à peu consacrer la justesse de ces vues, succès dû surtout à l’activité, à la persévérance et au sens pratique avec lesquels celles-ci ont été poursuivies. Tels qu’ils sont aujourd’hui, les musées de Berlin offrent, en effet, un intérêt d’une nature toute particulière. Riches surtout en œuvres des peintres primitifs de l’Italie et des Flandres, ils présentent pour la sculpture des sujets d’étude plus précieux encore. Leur collection de moulages, disposée suivant l’ordre chronologique, et la plus complète qui existe, s’est accrue dans ces derniers temps de toutes les trouvailles faites à Olympie, et la découverte plus récente encore des marbres de Pergame suffirait pour mériter l’attention de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’art dans l’antiquité.

La tenue de ces diverses collections, le soin avec lequel on s’applique à les enrichir et surtout à rendre leur fréquentation profitable aux visiteurs, nous ont amené, plus d’une fois, au cours de cette étude, à des comparaisons et à des retours sur nous-mêmes qui, on le verra, n’étaient pas toujours à notre avantage. Quelques indications sur ce sujet ne sauraient donc paraître inopportunes, et, si nous ne nous trompons, nous aurions à faire à l’organisation des musées d’Allemagne, plus d’un utile et facile emprunt.


I.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de la fondation des musées de Berlin, la direction générale a eu l’heureuse idée de réunir dans une publication spéciale les principaux documens ayant trait à leur histoire, depuis leur origine jusqu’à nos jours[1]. La période antérieure à 1830 y est l’objet d’une étude sommaire où sont consignées les acquisitions les plus importantes faites par les électeurs et par les rois de Prusse. Dans le résumé qui suit, le directeur actuel, M. Schœne, a retracé brièvement les modifications

  1. Zur Geschichte der Kœniglichen Museen; Berlin, 1880.