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LES
MUSÉES DE BERLIN

I.
L’ORGANISATION DES MUSEES. — LES MUSEES DE MOULAGES ET DE SCULPTURES.

L’importance progressive de la Prusse devait inévitablement amener un mouvement de concentration intellectuelle et artistique vers Berlin ; mais la prépondérance politique due à la force militaire pouvait seule provoquer ce mouvement. Placée à l’extrémité de l’Allemagne, Berlin ne semblait, en effet, nullement désignée pour devenir le siège de l’empire germanique. La nature l’a durement traitée, et elle n’offre ni ces beautés pittoresques, ni ces avantages de situation qui marquent la place d’une capitale et assurent sa prospérité. Son climat est rude ; la Sprée, qui la traverse, est un cours d’eau chétif et sans grâce ; une lande de sable la presse de toutes parts. Au sortir des rians paysages de la Saxe, c’est à peine si, de loin en loin, le voyageur venant de Dresde rencontre sur son chemin quelque station isolée dans des plaines monotones et stériles. En dépit de conditions si peu favorables, Berlin s’est rapidement développé dans ces derniers temps, et comme pour mieux justifier son rang, le gouvernement s’est appliqué à y accroître ces richesses d’art qui sont à la fois l’ornement d’une cité et le témoignage le plus significatif du degré de culture de ses habitans. Mais la nouvelle capitale de l’empire germanique ne pouvait que difficilement, sur ce terrain, lutter avec les vieilles résidences de l’Europe. Pour ne parler que de l’Allemagne, elle se trouvait vis-à-vis de Munich, et surtout