seulement du port de Manukau sur la côte occidentale. Si la mer est à portée dans toutes les directions, par malheur l’eau douce manque. Les études des ingénieurs ayant paru suffisantes, le capitaine Hobson annonça l’intention de placer le siège du gouvernement en cette contrée sur la rive méridionale de la Waïtemata. Le 19 septembre 1840, le pavillon britannique est hissé sur la ville naissante, qui déjà s’appelle Auckland[1]. Dès le mois d’octobre, elle était envahie par des gens avisés qui tenaient à prendre position en vue de l’avenir. Au mois de janvier 1841, le lieutenant-gouverneur s’y installait avec la foule de ses fonctionnaires, et le 3 mai, les troupes sous les armes, les personnages officiels en belle tenue, les habitans de la ville et des environs en fête, entendaient proclamer que désormais la Nouvelle-Zélande est une colonie de la Grande-Bretagne, indépendante de la Nouvelle-Galles du Sud. Le capitaine Hobson devenait gouverneur en titre; un conseil législatif était créé ; il tint sa première séance le 24 mai. Deux mois plus tard, une banque fonctionnait et des journaux se publiaient. Par sa situation, Auckland devait être surtout une ville de commerce. A l’exception de quelques petites vallées fertiles, le sol de la contrée tout volcanique, couvert sur de larges surfaces de scories et de gros blocs fort utiles pour les constructions, offre peu de ressources à l’agriculture.
Au fond de la baie Aveugle[2], dans le nord de l’île du Sud, la colonie de Nelson, qu’avait préparée la compagnie territoriale, se constituait dès l’année 1841. Les émigrans d’Angleterre vinrent débarquer au mois d’octobre. En communication directe avec des plaines faciles à défricher, Nelson entra tout de suite dans les voies du, succès sans jamais prendre aucune part des grosses sommes dont la mère patrie disposait en faveur d’Auckland et de Wellington.
Avec le règne de l’autorité à la Nouvelle-Zélande commence une série d’innombrables difficultés au sujet de l’acquisition des terres. On ose parler de justice et de légalité après les actes de rapine ou d’escroquerie les plus inqualifiables ; on dispute sur le droit de s’emparer des parties du sol qui sont inoccupées. Un tribunal institué en vue d’examiner la valeur des titres de propriété, de réduire les prétentions monstrueuses, de ménager les moyens d’existence des aborigènes, cause une sorte de stupeur[3]. Bientôt les décisions des magistrats ou des commissaires qui s’appuient sur les termes du traité de Waïtangi pour revendiquer au nom de la reine de la Grande-Bretagne
- ↑ C’était le nom imposé depuis trente ans aux îles situées au sud de la Nouvelle-Zélande; on s’étonne qu’il ait été repris pour la capitale de la colonie.
- ↑ Blind-Bay.
- ↑ Ce tribunal portait le titre de New Zealand Land-Claims Court. Son président M. Spain devint l’épouvantail des colons, propriétaires plus ou moins légitimes.