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on ne sortit jamais des difficultés. Le capitaine Bérard, venant sur la corvette le Rhin, au début de l’année 1843, remplacer le capitaine Lavaud, ne put s’empêcher de gémir sur le sort de ses compatriotes et de trouver douloureux le rôle du commandant de la station navale française. Il conseillait de traiter avec les organisateurs de la colonie de Wellington afin de sortir au plus vite de cette affaire[1]. Lorsque notre gouvernement se fut assuré la possession des îles Marquises, les victimes de la compagnie nanto-bordelaise, pour la plupart, allèrent à Noukahiva laissant à la Nouvelle-Zélande des vergers qui fournirent encore après leur départ, disent des Anglais, des fruits d’une beauté et d’une qualité rares.


IV.

Sous la direction du principal agent de la compagnie territoriale de la Nouvelle-Zélande, des mesures furent prises dès l’arrivée des émigrans pour prévenir des conflits, pour atteindre les auteurs des crimes et des délits. Un conseil que présidait le colonel Wakefield édictait des prescriptions et nommait des magistrats; chaque colon dut signer l’engagement de se soumettre aux règlemens et d’obéir aux lois. La ville de Wellington s’éleva en un court espace de temps; les maisons, bâties en bois n’exigeaient ni long travail ni grosse dépense. Adossée à des collines abruptes, la ville est isolée des campagnes. La population rurale ne se forma point aussi vite qu’on l’avait espéré ; on regrettait de voir en trop grand nombre les nouveau-venus ouvrir des boutiques et s’engager dans les affaires commerciales.

Dès l’année 1840, sur la côte occidentale de l’ile du Nord, tout près du fameux pic que le capitaine Cook appela le mont Egmont, le Tarnaki des aborigènes, fut fondée la ville de New-Plymouth. Malgré l’absence de port, on avait été séduit par le site vraiment magnifique; d’un côté, la mer; de l’autre, à peu de distance, la forêt. Recrutés par une compagnie particulière dans les comtés de Devonshire et de Cornouailles, les colons de New-Plymouth, agriculteurs la plupart, exempts des charges administratives qui pesaient sur les habitans de Wellington, connurent de bonne heure les jours de prospérité.

On avait bientôt abandonné le projet de bâtir une cité importante à la baie des Iles. Même avant la prise de possession, on pensait que, les bords de la Tamise offriraient l’endroit le plus convenable à l’établissement d’une capitale, dans la portion étranglée de l’île au fond du golfe d’Houraki sur la côte orientale, à quelques milles

  1. Lettre du capitaine A. Bérard, en date du 18 février 1843. (Archives du ministère de la marine.)