contrat avec la régie coïntéressée des tabacs une augmentation de recettes de 8 autres millions. La compensation serait donc complète, mais M. Magliani est un financier trop prudent pour avoir pleine confiance en face d’une marge aussi étroite. Il est donc naturel qu’il songe à donner, par des augmentations ou des créations de recettes, une base moins fragile à l’équilibre des budgets futurs. Il ne peut se dissimuler, d’ailleurs, qu’il aura à compter avec les demandes de ses collègues, avec les besoins des services publics, enfin avec les exigences des intérêts locaux, aux réclamations desquelles les considérations politiques ne permettent pas de fermer l’oreille. Il sait qu’un ministre des finances a besoin d’avoir beaucoup trop d’argent pour pouvoir espérer d’en avoir assez. Au point de vue des recettes, la marge des progrès à espérer va se rétrécissant, tandis qu’il n’y a point de limites pour la dépense. M. Magliani faisait remarquer dans un de ses exposés, comme un légitime motif de confiance, que, de 1862 à 1880, les recettes du trésor avaient presque triplé, tandis que les dépenses ordinaires ne s’étaient guère accrues de plus de 30 pour 100; mais, précisément parce qu’il a été beaucoup demandé aux contribuables italiens, il est devenu plus difficile d’augmenter les charges qui pèsent sur eux. Quelques chiffres, empruntés à un discours de M. Magliani, donneront une idée des efforts que l’Italie a dû faire. De 1862 à la fin de 1879, le gouvernement italien a vendu pour 1 milliard 215 millions de biens nationaux; il a emprunté 2 milliards 868 millions par des émissions de rentes à taux onéreux, et 940 millions par des émissions de papier-monnaie. Sur les 5 milliards qu’il s’est ainsi procurés, 1 milliard 436 millions ont été appliqués à éteindre d’autres dettes et 566 millions aux travaux de chemins de fer. Le surplus, soit 3 milliards 20 millions, a servi à couvrir les déficits du budget italien; mais comme ces déficits se sont élevés à 3 milliards 120 millions, il ressort de ces chiffres que l’Italie, à la fin de 1879, avait déjà, au moyen des excédens de ses derniers budgets, réduit de 100 millions la masse de ses dettes. Les 21 millions d’excédent qu’a donnés le budget de 1880 ont reçu le même emploi ; et cet état de choses ne peut que s’améliorer tant que le gouvernement italien persévérera à maintenir les dépenses publiques au-dessous des recettes.
La situation financière de l’Italie est donc bonne, les progrès incontestables que ce pays a accomplis sous le rapport de l’industrie et de l’agriculture, et dont l’exposition de Milan a fourni une démonstration éclatante sont de bon augure pour l’avenir. Le seul point noir est dans l’existence de ces dépenses extraordinaires dont on tend irrésistiblement à élargir le cercle. C’est une facilité dangereuse que de pouvoir se procurer un capital considérable par