Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le duché de Modène se plaignent d’être surimposés; dans d’autres provinces, nombre d’immeubles échappent à l’impôt, et M. Magliani compte que la péréquation de l’impôt procurera au trésor un supplément de recettes d’environ 30 millions. Il a annoncé aux chambres, dans la session dernière, qu’il allait faire procéder à un travail analogue pour prévenir les fraudes auxquelles donne lieu l’impôt sur la richesse mobilière et pour arriver à une meilleure assiette de cet impôt. Enfin, après avoir fait remarquer au parlement que plus des trois quarts des recettes des douanes étaient fournis par sept articles seulement, il en a conclu à la nécessité de réviser le tarif des douanes afin d’en faire disparaître les droits qui peuvent constituer une surcharge pour l’industrie ou une entrave pour le travail, et de rendre plus productifs ceux qui sont susceptibles d’augmentation. La progression rapide du revenu des douanes semble avoir convaincu M. Magliani que c’est de ce côté qu’il faut chercher de nouvelles ressources pour le budget, tant par la réforme du tarif que par de nouvelles conventions commerciales. En revanche, il paraît résolu à abandonner tous les droits de sortie, sauf pour les soufres et les huiles, ces deux produits de l’Italie n’ayant à redouter aucune concurrence au dehors. Un remaniement du tarif des chemins de fer, et particulièrement des surtaxes sur la grande vitesse, lui semble également nécessaire pour venir en aide à l’industrie et au commerce, dont les plaintes sont incessantes. Enfin il compte accroître les recettes des tabacs par une répression plus efficace de la contrebande, par des modifications de tarif, et surtout par l’amélioration des produits. Tous ceux qui ont parcouru l’Italie et entendu les continuelles et énergiques réclamations des fumeurs n’hésiteront pas à croire que cette dernière réforme est la plus facile à accomplir et ne sera pas une des moins profitables au trésor italien.

Ces mesures et ces études attestent chez le ministre des finances une sérieuse préoccupation d’assurer pour l’avenir aussi bien que pour le présent l’équilibre du budget italien. Sans reproduire les calculs qu’il a présentés au parlement pour 1882 et 1883, nous nous contenterons de dire qu’à moins d’événemens imprévus, il n’y a lieu de concevoir aucune inquiétude pour ces deux années; mais, en 1884, la suppression définitive du droit sur la mouture enlèvera d’un seul coup au budget une recette de 39 millions par comparaison avec 1880. M. Magliani compte que cette perte sera compensée, jusqu’à concurrence de 32 millions, par quatre années de la plus-value moyenne de 8 millions à laquelle il évalue l’accroissement normal des recettes, déduction faite de la progression des dépenses; pour couvrir le surplus, il attend de l’expiration du