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Quelles étaient les conséquences de cette loi au point de vue budgétaire ? L’emprunt à contracter au taux de 5 pour 100 net de l’impôt sur le revenu et avec une commission maximum de 1 pour 100 devait imposer au budget une charge additionnelle de 32,522,000 fr. Comment y faisait-on face? Jusqu’alors l’état avait pris à sa charge les pensions à servir tant aux fonctionnaires des régimes déchus qu’il avait mis en disponibilité qu’à ses propres fonctionnaires qui atteignaient l’âge de la retraite : d’une part, il servait les pensions, de l’autre, il encaissait comme une recette les retenues opérées sur les traitemens en vue de la retraite. M. Magliani présentait, en même temps que la loi sur l’emprunt, une loi qui instituait une caisse des retraites ou pensions destinée à être indépendante du ministère des finances et à avoir une comptabilité distincte. Cette caisse devait être dirigée par un conseil d’administration spécial, sous le contrôle d’une commission parlementaire. A l’avenir, on verserait à cette caisse les retenues opérées sur le traitement des fonctionnaires, ainsi que la part contributive que l’état prenait à sa charge et qui était évaluée à 8 millions 1/2. L’état devait reverser à la caisse, en capital et en intérêts, les retenues qu’il avait perçues sur les employés actuellement en fonctions et qu’il avait appliquées aux dépenses publiques, ce qui nécessitait une annuité de 8 à millions. Enfin, pour assurer le service des pensions déjà liquidées, l’état transférait à la caisse 27 millions de rentes perpétuelles, avec faculté d’en aliéner une partie pour couvrir l’insuffisance de recettes qui se produirait pendant quelques années, jusqu’à ce que l’équilibre fût rétabli par la progression des extinctions. Cette opération, qui n’était autre chose que la conversion d’une rente viagère en une rente perpétuelle et dont les calculs avaient été établis comme ceux des compagnies d’assurances, ne laissait plus à la charge du budget qu’un crédit annuel de 42 millions, et comme le service des retraites coûtait 61 millions, on réalisait, grâce à cet expédient de trésorerie, une économie annuelle de 19 millions. Pour le surplus du service de l’emprunt, M. Magliani comptait 3 millions qu’on n’aurait plus à payer, pour frais de fabrication et de renouvellement des billets et pour frais de commission, au syndical des banques, et la suppression du crédit de 12 millions inscrit au budget des finances pour les frais d’agio qu’entraînait le paiement des intérêts de la rente sur les places étrangères. Il mettait ainsi 34 millions d’économie en regard de 32 millions de dépenses nouvelles. Quant aux 7 millions inscrits, tant au budget de la guerre qu’à celui de la marine, comme frais d’agio pour les paiemens que ces deux départemens pouvaient avoir à faire au dehors, M. Magliani les considérait comme une réserve pour l’imprévu et ne les faisait pas entrer en ligne de compte. Il