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et les taxes à établir sur les licences et les concessions gouvernementales étaient en discussion devant les chambres. Il rappelait en même temps au sénat que l’application de quelques-uns de ces impôts nouveaux était subordonnée au vote de l’abolition graduelle du droit sur la mouture, en sorte qu’il fallait renoncer au moins à 15 millions de recettes si l’on refusait d’abandonner les 7 millions 1/2 que devait coûter la première réduction à opérer sur le droit que la chambre avait condamné.

Ainsi, la dette flottante avait été considérablement diminuée; la dette perpétuelle avait légèrement décru parce que les amortissemens avaient excédé les créations de rentes nouvelles : le domaine de l’état avait augmenté par l’application de 546 millions à la construction de nouvelles voies ferrées ; les services publics avaient été dotés plus largement que dans aucune des années précédentes; enfin le gouvernement et la chambre avaient fait leur devoir, l’un en proposant et l’autre en votant de nouveaux impôts d’un produit supérieur à la recette qu’il s’agissait d’abandonner. On ne pouvait exiger rien de plus pour le présent. Ici éclatait la supériorité de M. Magliani sur ses prédécesseurs. Le rôle d’un ministre des finances n’est pas celui d’un comptable; il ne se réduit pas à aligner des chiffres et à mettre en regard les recettes et les dépenses. Le véritable financier scrute la marche des unes et des autres, il cherche la loi qui préside à leur développement, il étudie les sources du revenu public et les moyens de les rendre plus productives, et ses calculs embrassent l’avenir comme une conséquence du présent. Le regard que M. Magliani jetait sur les quatre exercices entre lesquels se partageait la suppression de l’impôt et l’analyse à laquelle il se livrait des charges et des recettes de chaque exercice prouvaient la sûreté de son coup d’œil, la fermeté de son jugement, sa légitime confiance dans les ressources de l’Italie et dans l’élasticité du revenu public. Il prenait pour point de départ les chiffres du budget de 1880, bien que ce budget eût à supporter des charges exceptionnelles et transitoires, comme celles qui résultaient du renchérissement momentané des subsistances ; il faisait abandon de toutes les économies qu’il serait possible de réaliser dans l’avenir, il faisait entrer en compte toutes les dépenses nouvelles qui pouvaient découler soit des lois récemment votées, soit des mesures à l’état de projets; il faisait le calcul des charges de la dette flottante, des amortissemens à opérer et des rentes nouvelles à émettre pour les travaux publics ; il établissait ainsi la charge maxima qui devait peser sur chaque exercice. Si l’on supposait que les recettes demeuraient stationnaires, tous ces exercices devaient présenter un déficit ; mais le ministre refusait d’accepter une pareille hypothèse. Il rappelait