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avait cessé d’être un accident pour devenir un fait normal. On mettait en avant les années mauvaises et les épreuves imprévues que le pays pouvait avoir à traverser ; mais 1878 avait été marqué par une crise commerciale ; 1879 par une récolte insuffisante qui avait coûté 200 millions de numéraire et par des inondations. On avait donc eu deux années calamiteuses sur cinq, et cependant le résultat définitif de la période avait été un excédent total des recettes sur les dépenses de 99 millions, dont 51 avaient été appliqués à la construction des nouveaux chemins le fer, recevant ainsi un emploi reproductif, et dont 48 avaient été consacrés à la réduction des dettes du trésor. D’une part, le domaine public avait été accru : de l’autre, la dette flottante avait été diminuée. Était-ce par des expédiens que ces résultats avaient été obtenus ? N’avait-on pas fait la part des justes exigences des services publics ? On avait accru la liste civile du roi de 2 millions et demi ; on avait consacré 7 millions à améliorer les traitemens des employés ; on était venu en aide aux communes en leur abandonnant un dixième des produits de l’impôt sur la richesse mobilière. On avait pourvu au rachat des chemins de fer de la Haute-Italie et à l’exécution de la convention de Bâle, en ajoutant au budget des dépenses la charge d’environ 10 millions de rentes ; l’assistance donnée à la ville de Florence avait également mis au compte de l’état une charge annuelle de 3 millions ; en avait abandonné ou réduit un certain nombre de petites taxes ; enfin chaque budget avait contenu des augmentations de crédits pour la guerre et pour la marine ; le budget de 1880 en renfermait de nouvelles : l’augmentation totale sur 1876 dépassait 27 millions.

Le ministre concluait de cette récapitulation qu’on n’avait plus à se préoccuper ni de l’exécution de la convention de Bâle ni des réclamations de la ville de Florence, puisque le budget en avait supporté la charge sans fléchir et qu’il avait été satisfait aux besoins les plus urgens des services publics. Il n’était donc pas à prévoir que les dépenses continuassent à s’accroître dans la même proportion que par le passé, ni surtout que cet accroissement dépassât la progression des recettes. Il montrait en même temps combien la situation s’était modifiée, d’une année à l’autre, dans un sens favorable. En mai 1879, une seule recette nouvelle, l’élévation du prix de vente des tabacs, était votée ; les autres propositions d’impôt étaient encore à l’état de projets de loi et on avait pu lui objecter l’incertitude où l’on était encore sur les décisions du parlement. Il s’appuyait, cette fois, sur des faits et non plus sur des espérances ; 30 millions de recettes nouvelles étaient acquis au trésor par le vote successif des lois sur les sucres et les denrées coloniales, sur les spiritueux, sur le pétrole, sur l’enregistrement, sur l’assistance judiciaire,