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somme totale des recettes que le trésor devait successivement abandonner jusqu’à l’abolition complète de l’emprunt se trouvait réduite de 54 millions, auxquels il n’était plus nécessaire de suppléer. Le ministre des finances se trouvait donc sur un terrain plus solide et la lutte ne pouvait manquer de tourner à son avantage. Malgré une mauvaise récolte, malgré des événemens calamiteux, et bien qu’elle n’eût bénéficié que pendant onze mois des avantages du nouveau tarif des douanes, l’année 1879, pour laquelle, au mois de mai précédent, il ne prévoyait qu’un excédent de recettes de 8 millions, avait donné en fin d’exercice un excédent de 18 millions qui avait permis de venir en aide aux populations nécessiteuses sans rien demander à la dette flottante. Celle-ci avait donc continué à décroître, et la moyenne des bons du trésor en circulation, de 273 millions en 1878, était descendue à 240 millions en 1879. M. Magliani avait ramené cette circulation à 220 millions à la fin de novembre 1879 et à 200 millions dans les premiers jours de janvier 1880 : la situation de l’encaisse du trésor lui donnait un espoir bien fondé de la maintenir à ce chiffre pendant toute l’année.

Par suite, le budget de 1880 promettait des résultats plus favorables que M. Magliani n’avait osé les prévoir dans les calculs auxquels il s’était livré l’année précédente. Le budget provisoire, dit de première prévision, préparé par M. Grimaldi, avait été présenté avec un excédent de recettes présumé de 3,695,000 livres, mais des augmentations de crédits et des dépenses nouvelles, découlant de lois déjà votées, avaient immédiatement absorbé cet excédent et l’avaient transformé en un déficit de 6 millions. M. Magliani, en préparant le budget définitif, avait refait les calculs de son prédécesseur. M. Grimaldi, d’une part, n’avait pas résisté avec une suffisante fermeté aux demandes de ses collègues, il avait souscrit trop facilement à des augmentations de dépenses; d’autre part, il avait pris pour bases de ses évaluations de recettes les résultats de 1878. M. Magliani avait maintenu les augmentations de crédits prévues par M. Grimaldi : il n’avait modifié que deux articles de dépenses. Les marchés passés par le ministre de la guerre pour toute l’année 1880 lui avaient permis de ramener au chiffre réellement nécessaire le crédit destiné à faire face au renchérissement des rations de vivres et de fourrages. La diminution de la dette flottante justifiait une réduction de 2 millions dans les arrérages à la charge du trésor. Quant aux recettes, M. Magliani s’autorisait de la pratique constante des ministres anglais pour prendre comme bases de ses évaluations les résultats acquis de 1879; il avait seulement la précaution de déduire 15 millions du produit des douanes, tant pour le surcroît d’importations que l’augmentation prévue des droits sur le sucre et