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des immeubles bâtis afin de réviser l’assiette de la taxe à laquelle ils étaient soumis, et produisit une augmentation permanente de recettes de 7 millions et demi. Une loi du 20 juin de la même année établit sur les fabriques et les raffineries de sucre un impôt qui donna une nouvelle recette de 16 millions. Une loi du 30 mai 1878 approuva un nouveau tarif de douane établi en vue d’accroître le produit des droits d’entrée de plus de 4 millions et demi et qui servit de base à de nouvelles conventions commerciales avec l’Autriche, la France et la Suisse. Enfin, le 15 avril 1879, le prix des tabacs fut notablement élevé en vue d’obtenir une augmentation de recettes de 24 millions. Voici donc, pour ne prendre que les mesures les plus importantes, 52 millions ajoutés aux charges permanentes des contribuables ; mais il convient d’en déduire environ 10 millions pour le dégrèvement accordé à trois cent mille petits contribuables déchargés de l’impôt sur la richesse mobilière, pour l’abolition d’un certain nombre de droits de sortie au grand avantage de la production nationale, et enfin pour la suppression de toutes les taxes sur la navigation intérieure.

Ces 42 millions de ressources nouvelles, s’ajoutant à l’accroissement annuel des recettes, ne pouvaient manquer d’améliorer la situation financière ; aussi la chambre s’était-elle préoccupée d’assurer aux contribuables une compensation des charges qu’elle leur imposait, et par un ordre du jour, en date du 7 juillet 1878, elle avait imposé au gouvernement l’obligation, que celui-ci avait acceptée, de mettre à l’étude la suppression du droit sur la mouture. Le ministre des finances se prépara à remplir cet engagement et il en comprit l’accomplissement dans les prévisions du budget de 1879. L’impôt avait produit, en 1878, 83 millions, soit 2 millions de plus que l’année précédente; mais, comme les frais de perception s’élevaient à 8 millions, c’était une recette nette de 75 millions qu’il s’agissait d’abandonner. On ne pouvait songer à faire un pareil sacrifice d’une seule fois. M. Magliani proposa de le répartir sur quatre exercices. Les grains dits inférieurs, qui entrent dans l’alimentation du peuple ou servent à certaines industries, le maïs, le seigle, l’orge, l’avoine, devaient être complètement affranchis à partir du 1er juillet 1879 ; le droit sur le froment devait être réduit de 25 pour 100 à partir de la même époque et du 1er janvier de chacune des trois années suivantes; l’exercice 1883 eût été le premier à supporter la perte totale des 75 millions produits par l’impôt.

Non-seulement il fallait combler le vide que l’abandon de 75 millions de recettes devait faire dans le trésor italien, mais il était nécessaire de pourvoir aux augmentations de dépenses qui devaient