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particulièrement à la jeunesse. On nous les présente comme tels, et comme on nous les présente nous les prenons. Le fait est cependant que jeunes gens ou jeunes filles ne sont pas les seuls lecteurs qui puissent y trouver à la fois plaisir et profit. Je ne connais au moins personne qui ne puisse ou qui ne doive être heureux d’une occasion de relire Madeleine, le délicat récit de M. Jules Sandeau, que la maison Hetzel nous donne cette année très agréablement illustré. Les Vieux de la vieille aussi, d’Erckmann-Chatrian, qui marquent un retour des auteurs à leur première ou plutôt à leur seconde manière, — la manière de leurs Romans nationaux, — est un de ces récits que nous ne consentirons pas d’abandonner à la jeunesse, sous ce prétexte assurément étrange, mais caractéristique du temps présent, que tout le monde peut les lire en sûreté de conscience. Je ne crois pas enfin que l’Histoire d’un ruisseau, par M. Elisée Reclus, ou la Vie de collège en Angleterre, par M. André Laurie, soient ouvrages qui ne conviennent qu’à des collégiens. Le nom de M. Reclus recommande assez le nouvel ouvrage qu’il nous donne. Quant à celui de M. André Laurie, qui nous est offert comme le premier de toute une série, parce que au lieu de nous donner des renseignemens utiles sous forme de dissertation, il nous les donne encadrés dans les lignes d’une légère intrigue et sous la fiction d’une fable qui persuade plus agréablement la leçon, ce n’est pas une raison pour qu’il soit moins instructif et moins intéressant. Tous ces volumes nous viennent de la maison Hetzel. il convient d’y joindre le dernier récit de M. Jules Verne, la Jangada, où les lecteurs habituels de l’auteur des Voyages extraordinaires ne manqueront pas de retrouver sa verve accoutumée d’invention et son amusante habileté d’arrangeur ; le Secret de José, de M. Lucien Biart, toujours aussi vif et spirituel conteur, et les Chasseurs de girafes, du capitaine Mayne-Reid.

Quant aux volumes un peu du même genre et s’adressant au même public qui nous viennent de la maison Hachette, nous avouerons que, noyés dans cet océan de livres d’étrennes, c’est de confiance que nous recommandons, sur le seul nom de leurs auteurs, M. J. Girardin, Mme Colomb et Mme de Witt, Maman, les Étapes de Madeleine et Lutin et Démon. C’est que l’on ne finit pas toujours comme on avait commencé ; chemin faisant, on change parfois d’avis et, décidément, il est moins agréable de parler des livres d’étrennes que de les lire.


F. B.