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dans l’organisation des écoles centrales. Par ce moyen, le cours élémentaire de langues anciennes pourrait être de doux années…

« On pourrait encore, en attendant que l’organisation des écoles primaires eût atteint le degré de perfection dont elle est susceptible, placer dans les écoles centrales un professeur Chargé d’enseigner aux élèves les plus jeunes les élémens de la langue française, du calcul et de la géographie… »

Cette double création d’une chaire de langues anciennes et d’un cours préparatoire, servant de trait d’union entre l’école primaire et l’école centrale, et où auraient été admis des enfans de moins de douze ans, eût rendu le plus grand service aux études. Malheureusement Letourneux ne persévéra pas dans ce projet, ou n’eut pas le temps de le présenter, et ses successeurs n’y revinrent pas. Il en fut de même d’une autre réforme que le caractère de liberté presque illimitée imprimé par le législateur aux écoles centrales rendait en quelque sorte indispensable et que tous les hommes compétens réclamaient aussi : nous voulons parler des examens de passage d’une section dans l’autre. Le directoire recula, on ne sait trop pourquoi, devant une mesure qui, à défaut de programmes et de règlemens généraux, aurait du moins eu le mérite d’astreindre les élèves à quelque assiduité. De très bons esprits considèrent encore ces examens de passage d’une classe à l’autre comme une nécessité. Quelle n’eût pas été leur utilité dans un système dépourvu d’ailleurs de toute sanction ! On a beaucoup médit du baccalauréat de nos jours ; si les écoles centrales avaient eu le baccalauréat ou quelque chose d’approchant, les études littéraires y auraient peut-être moins langui. On en trouverait aisément la preuve dans ce fait, que les seuls cours un peu suivis furent précisément ceux qui avaient un objet nettement défini, et qui ouvraient l’accès d’une carrière ou d’un métier. La culture désintéressée de l’esprit n’a jamais attiré que le petit nombre et peut-être n’est-il pas mauvais qu’il en soit ainsi. La république des lettres n’a pas intérêt, à devenir une démocratie d’un accès trop facile ; comme toutes les républiques, elle a besoin de se défendre contre la médiocrité, son plus grand ennemi. Mais encore y faut-il quelque mesure, et nous ne concevons guère aujourd’hui un enseignement secondaire tout spéculatif, sans grades, sans diplômes, en un mot sans rien qui parle à l’amour-propre ou à l’intérêt.

Nous ne concevons pas davantage un enseignement s’adressant à des jeunes gens de douze à dix-huit ans sans livres élémentaires. On sait le rôle important que jouent aujourd’hui ces sortes de publications. À plus forte raison, les changemens apportés par la loi du 3 brumaire dans les anciennes matières d’enseignement et l’absence de tout programme en faisaient pour les écoles centrales une